[Nota preliminar: edición digital a partir
de Aben Humeya o La rebelión de los moriscos, en
Obras literarias de D. Francisco Martínez de la
Rosa, París, Imprenta de Julio Didot, 1827-30, t. V, 1830,
pp. 119-240, y cotejada con la edición de Jean Sarrailh,
Madrid, Espasa-Calpe, 1954.]
Advertencia
Ha
corrido este drama tan extraña fortuna que, probablemente ha
de excitar la curiosidad del público, cualquiera que sea el
mérito que se le atribuya. Antes de determinarme a
componerle, había sentido vivos deseos de presentar en la
escena francesa alguna de mis obras dramáticas; y
cabalmente, el buen éxito que había ya logrado en
París la imitación de una de ellas1
me animaba no poco a la empresa. Mas en breve desistí de tal
propósito, habiéndome convencido plenamente de que
una obra de esta clase, compuesta para una nación,
difícilmente puede trasladarse a otra, sobre todo cuando el
gusto dramático es muy distinto en ambas. Aun el estar mis
obras en verso, y el haber de reducirlas a humilde prosa,
acabó de retraerme de mi intento; porque temí, con
entrañas de padre, desnudar mis composiciones de un encanto
que encubre muchas faltas; pocos cuadros hay que consientan perder
el colorido, y que aun aparezcan bellos con los meros
contornos.
Me
decidí, pues, en vista de estas reflexiones, a componer de
intento un drama para el teatro francés; pero
¿qué rumbo seguir en empresa tan aventurada?... La
primera idea que me ocurrió, como la más natural, fue
escribir un drama en castellano y después traducirle; mas,
por fortuna, conocí con tiempo que una obra concebida en
cerebro español, y vestida al nacer en traje de Castilla,
mostraría siempre, por más esfuerzos que se hiciesen,
demasiado claro su origen.
Al
cabo no me quedó más recurso que componer mi drama en
lengua extranjera; y entonces fue cuando se presentaron de tropel
dificultades: en una obra didáctica, por ejemplo, cabe
practicarse, con o menos presteza, la traducción que se hace
siempre en el ánimo cuando se piensa en un idioma y se
expresa uno en otro; pero en obras dramáticas no cabe
hacerse así, se necesita más celeridad en la
concepción de los pensamientos, y más calor en la
expresión; las ideas y las palabras tienen que salir
vaciadas a un tiempo en el mismo molde.
Tales son los obstáculos que he tenido que superar; y cuando
he acabado de convencerme de su gravedad ha sido al verter
después mi obra en castellano. Nunca he palpado más
de lleno la diversa índole de cada lengua, las ventajas que
cada una de ellas posee, lo difícil de trasladar exactamente
los pensamientos de una a otra. ¡Cosa singular, y que, sin
embargo, no es posible de explicarse! ¡Más me ha
costado traducir mi propia obra que si hubiera sido ajena!...
Acontece con una traducción lo que con un retrato.
Por
lo tocante al argumento de este drama, poco o nada tendré
que decir: le busqué y escogí en la historia de
España, porque juzgué que así parecería
más nuevo y original, al paso que me dejaría campear
con más desembarazo, conociendo mejor el terreno. Hasta la
circunstancia de ser alusivo a acontecimientos de mi país
natal, concurrió a decidirme a favor suyo, aun prescindiendo
de otras muchas ventajas: el que haya vivido largos años
fuera de su patria concebirá fácilmente esta
predilección tan natural; y aun me lisonjeaba, ya que he de
decirlo todo, la idea de oír repetir unos nombres tan gratos
para mí, y de oírlos en tierra extraña, y tal
vez con aplauso.
El
éxito ha correspondido a mis deseos: este drama ha recibido
del público de París la más favorable acogida;
pero no me ciega tanto el amor propio que deje de conocer que ha
sido juzgado, así en el teatro como en los
periódicos, con no poca indulgencia. Mi calidad de
extranjero ha desarmado la severidad de la crítica; se ha
perdonado mucho en favor de lo extraordinario de la empresa, y no
se ha perdido de vista al autor al pesar el mérito de su
obra.
Au milieu de tant de combats livrés
sur le terrain de la littérature, et de cette espèce
de révolution qui règne dans le monde
théâtral, la première condition que je me suis
imposée, au moment d'entreprendre cet ouvrage, fut celle
d'oublier tous les systèmes, et de suivre, pour toute
règle, ces principes clairs, incontestables, qui tiennent
à l'essence même du drame, et qui formeront toujours,
par rapport au théâtre, le code du bon
sens.
Puisque je me propose, me suis-je dit,
d'écrire un drame historique, il faudra d'abord choisir un
grand événement, qui réveille l'attention et
qui excite l'intérêt; il faudra aussi qu'il ait, si
c'est possible, quelque chose d'extraordinaire, une physionomie qui
le distingue de tous les autres; et qu'il offre en même temps
ce mouvement, ces contrastes qui saisissent l'âme et
l'entraînent.
Ayant conçu cette idée toute
simple du drame historique, il s'agissait de remplir de mon mieux
les deux conditions essentielles qui semblent en dériver: il
fallait tracer le tableau avec la plus grande
fidélité possible, sans rechercher néanmoins
cette exactitude scrupuleuse qu'on exige dans une chronique; mais
en s'efforçant de graver sur l'ouvrage, comme sur une
médaille, le cachet de l'époque et du
pays.
Une fois l'esquisse du tableau faite, on
devait tâcher d'y encadrer en quelque sorte une
tragédie; car je suis intimement convaincu (et si c'est une
erreur, elle est bien excusable) que jamais le drame historique ne
réussira au théâtre, que lorsqu'il parviendra
à satisfaire en même temps la raison et le coeur, par
le reflet fidèle d'un grand événement, ainsi
que par la lutte animée des passions.
Quant au sujet que j'ai choisi, je dois
avouer franchement qu'il me paraît remplir presque toutes les
conditions que les maîtres de l'art peuvent exiger; il n'est
pas aisé de trouver dans l'histoire plusieurs
événements aussi extraordinaires, aussi dramatiques
que cette révolte des Maures sous Philippe II. Qu'il me soit
permis d'en dire un mot, pour indiquer au moins sa nature et son
importance.
Lors de la conquête de Grenade par les
Rois Catholiques, on accorda aux vaincus la capitulation la plus
avantageuse; ils pouvaient se retirer librement en Afrique, ou
rester dans le pays, en conservant leurs mœurs, leurs usages,
l'exercice de leur religion. On commença pourtant à
les inquiéter du vivant même de Ferdinand et
d'Isabelle; ce qui donna lieu à quelques soulèvements
partiels, qui furent bientôt étouffés. Sous
Charles-Quint, on répéta les mêmes tentatives;
mais ce ne fut que sous Philippe II, vers la moitié du
seizième siècle, que l'on résolut d'effacer
jusqu'aux traces de ce peuple vaincu. On publia, à cet
effet, de nouvelles ordonnances, qui défendaient aux femmes
leur costume, encore rapproché du moresque, qui
interdisaient aux descendants des Maures de parler en arabe, de
célébrer leurs fêtes, de prendre même des
bains, de fermer les portes de leurs maisons, à certains
jours de la semaine... Pour empêcher l'exécution de
ces décrets, les Maures eurent d'abord recours à des
remontrances, à des prières; le marquis de Mondejar,
capitaine-général du royaume de Grenade, homme du
plus grand mérite, intercéda vainement en leur
faveur; le gouvernement s'obstina à faire exécuter
ses ordres.
Ce fut alors qu'éclata la
révolte, préparée de longue main, et qui mit
en danger la monarchie espagnole, au faîte de sa puissance.
Les descendants des Maures se trouvaient en très grand
nombre dans plusieurs provinces, dans celle de Grenade sur-tout;
ils étaient industrieux, riches, puissants; ils comptaient
sur le secours des États Barbaresques, et même de
l'empereur de Constantinople, avec les quels ils étaient en
communication; et voyant l'Espagne engagée, à cette
époque, dans des prétentions ruineuses et des guerres
lointaines, ils crurent que le moment de leur délivrance, si
longtemps annoncé par des prédictions et des augures,
était enfin arrivé.
Tout-à-coup, comme par enchantement,
on vit paraître une nation musulmane au milieu d'une nation
chrétienne; la haine de deux peuples, nourrie pendant huit
siècles de guerre à mort, se montra plus
envenimée que jamais; et ils sentirent bien tous les deux
qu'il s'agissait de leur existence.
Cet événement n'a pas eu, en
général, aux yeux des étrangers, toute
l'importance dont il était digne; il faut voir dans les
historiens espagnols, même dans les poëtes,
jusqu'à quel point cette révolte jeta l'alarme dans
la nation. L'élite de l'armée accourut de toutes
parts, pour étouffer le feu avant qu'il n'embrasât le
royaume; les chefs les plus renommés
pénétrèrent, à plusieurs reprises, dans
les montagnes des Alpujarras; le roi lui-même s'approcha du
théâtre de la guerre; et s'il ne marcha pas en
personne contre les révoltés, comme il en fut
question, il ne confia le commandement suprême de
l'armée qu'à son propre frère, le
célèbre don Juan d'Autriche, qui plaça la
victoire sur les Morisques à côté du triomphe
de Lépante.
Pour peindre assez fidèlement un sujet
d'une telle gravité, la littérature espagnole offrait
de grandes ressources; car elle possède deux histoires
particulières de cette révolte, d'un mérite
singulier, chacune dans son genre. L'ouvrage de don Diego Hurtado
de Mendoza, qui lui a valu à juste titre le surnom de
Salluste espagnol, suffirait à lui seul pour faire
apprécier cet homme d'état célèbre,
profond politique, grand historien, poëte, auquel l'Europe
savante est redevable de plusieurs trésors
littéraires qu'il tira de l'obscurité. Placé
par sa haute naissance, ainsi que par ses qualités
personnelles, à même de bien juger les hommes et les
événements; frère du fameux marquis de
Mondejar; possédant à fond la langue arabe, et
connaissant parfaitement bien les localités, il consacra ses
loisirs, dans sa retraite de Grenade, à tracer de main de
maître l'histoire de cette insurrection, et il enrichit la
littérature castillane d'un modèle
accompli3.
L'ouvrage de Luis del Marmol4
est loin d'avoir un mérite littéraire aussi
relevé que celui de Hurtado de Mendoza; mais c'est une
histoire plus complète, plus détaillée, dont
l'auteur conduit le lecteur par la main, lui fait parcourir les
lieux, le rend témoin de chaque événement.
« J'écris, dit Marmol, la révolte et la
punition des Morisques de Grenade, avec toutes les choses
mémorables qui s'y rattachent; et j'ai été
à même de le faire mieux que tout autre, ayant
été employé, depuis le commencement
jusqu'à la fin, dans l'armée de Sa
Majesté.» Quand même il n'aurait pas
révélé cette circonstance, on aurait
aisément deviné que c'est un témoin oculaire
qui parle; il ne raconte pas, en simple historien; il met sous les
yeux ce qu'il a vu lui-même.
A la faveur de tels guides, il m'a
été plus facile de saisir l'ensemble de ce grand
événement, et d'en connaître plusieurs
détails, qui m'ont servi pour donner à ma composition
cette couleur locale, sans laquelle l'illusion dramatique
court grand risque de se dissiper.
La circonstance même d'être
né à Grenade, et d'avoir parcouru, dans ma jeunesse,
une partie des Alpujarras, m'a été aussi de quelque
utilité; car j'ai pu mettre à profit des traditions
populaires, des souvenirs d'enfance; et j'ai fini par regarder avec
une sorte d'attachement de famille, si je puis m'exprimer ainsi, un
sujet si intimement lié à l'histoire de mon pays
natal... ¡Qu'il est doux de se le rappeler, d'entendre
répéter des noms si chers, quand on est loin de sa
patrie!
Peut-être ces circonstances,
étrangères au sujet, ne m'ont-elles que trop
prévenu en sa faveur; mais j'ai cru y apercevoir plus d'un
avantage, qui le recommandaient pour être mis sur la
scène. Tel est, par exemple, celui d'offrir des
caractères fortement prononcés, qui admettent, comme
les décors du théâtre, d'être
dessinés à grands traits. Je ne sais si je m'abuse;
mais ces Morisques des Alpujarras, très avancés en
civilisation, et conservant néanmoins un certain air
sauvage, offrent un modèle fort original à
l'imitation de l'artiste; on voit, sous les traits de
l'Européen, couler le sang de l'homme
d'Afrique.
Même par rapport au style, qui tient
aussi intimement au sujet que l'écorce au tronc de l'arbre,
cet événement historique se prêtait à
merveille à une composition de ce genre. On pouvait donner
au tableau un coloris bien plus saillant que n'en peuvent supporter
d'autres; ce qui, loin de nuire à la vraisemblance,
était au contraire un nouveau moyen de l'accroître.
Les peuples du midi, même dans des situations ordinaires,
empruntent souvent leur langage à l'imagination; et s'ils
sont agités par des passions violentes, rendues plus
impétueuses encore par une longue contrainte; si on les
suppose entraînés par des sentiments aussi vifs, aussi
profonds, que l'ardeur de la vengeance, l'amour de la patrie, le
zèle religieux, on peut bien risquer, en les faisant parler,
des expressions poétiques, des images hardies; on restera
presque toujours au-dessous de la
réalité.
Tout me souriait donc dans mon projet, avant
d'avoir touché les difficultés que devait
présenter en foule l'exécution d'un pareil ouvrage;
mais je ne l'ai jamais abordé sans crainte, en songeant
surtout à l'instrument indocile dont je devais me servir. Je
me suis vu forcé (comme les Maures que j'ai dépeints
l'étaient avant leur révolte) de parler une langue
étrangère; et sous un tel joug, il est presque
impossible que l'ouvrage ne se ressente souvent de la gêne
qu'a éprouvée l'auteur. Pour suivre le cours d'une
action dramatique, le mouvement du dialogue, la rapidité du
langage, l'esprit le plus délié aurait besoin de se
servir d'ailes; et moi, j'ai été obligé de
marcher avec des entraves.
Cet immense désavantage m'auraît
arrêté tout-à-fait, dès les premiers
pas, si je n'avais beaucoup compté sur l'indulgence du
public... Mon espoir n'a point été trompé. Le
succès que cet ouvrage vient d'obtenir sur la scène
n'a été dû, pour la plus grande partie (je me
plais à le reconnaître), qu'à ma qualité
d'étranger; chez un peuple si poli, la justice même
aurait paru déplacée, dans une circonstance pareille;
l'hospitalité est toujours
bienveillante.
Je ne pourrais non plus, sans m'exposer
à être accusé d'ingratitude et de
présomption, passer sous silence les divers
éléments qui ont concouru à la réussite
de mon ouvrage: la richesse des décors et des costumes, la
vérité de la mise en scène, le zéle des
acteurs, le charme de la musique, y ont beaucoup contribué;
les choeurs, composés par mon compatriote, M. Gomis, qui
vient de donner une si grande preuve de son talent, suffiraient
à eux seuls pour exciter la curiosité du public... En
rendant à chacun sa part dans le succès, je ne fais
que m'acquitter d'une dette.
PERSONAJES
ABEN HUMEYA, (don Fernando de
Válor).
ZULEMA, (doña Leonor), su
mujer.
FÁTIMA, (Elvira), su
hija.
MULEY CARIME, (Miguel de Rojas),
padre de Zulema.
ABEN JUHAR, tío de Aben
Humeya.
ABEN ABÓ, Promotores de la
rebelión.
AREN FARAX, Promotores de la
rebelión.
EL ALFAQUÍ, o sacerdote de
los moros.
LARA, enviado por el
capitán general de Granada.
EL PARTAL, Caudillos de los
sublevados.
EL DALAY, Caudillos de los
sublevados.
EL XENIZ Caudillos de los
sublevados.
ALIATAR, esclavo negro.
Una esclava vieja.
Un pastorcillo.
La viuda de un castellano.
Moriscos sublevados.
Soldados castellanos.
Gente del pueblo.
Pastores y zagalas.
Esclavos negros.
Mujeres y esclavas al servicio de Zulema y de
Fátima.
La escena en Cádiar, en las sierras de la
Alpujarra.
Acto I
El teatro representa una sala de arquitectura
arábiga de la casa de campo de ABEN HUMEYA, en las cercanías
de Cádiar; está adornada decentemente, pero con mucha
sencillez, y vense en las paredes aprestos y despojos de
montería. A mano derecha de los espectadores habrá
una ventana, y enfrente de ella una puerta; también
habrá otra en el foro, por la que se sale a una especie de
azotea con vistas al campo. Hasta la escena séptima, todos
los actores se presentan vestidos a la española, excepto las
mujeres, que tendrán un traje bastante parecido al de las
moras, con un gran velo blanco.
Escena
I
ABEN
HUMEYA, ZULEMA.
ABEN
HUMEYA estará sentado, componiendo una ballesta.
ZULEMA se levanta, deja en
su silla unos bordados que tenía entre manos, y se acerca a
él.
ZULEMA.- ¡No, querido Fernando; el
corazón de una esposa no se engaña nunca!... De
algún tiempo a esta parte, noto que estás inquieto,
caviloso, acosado de tristes pensamientos... Sin duda guardas en tu
pecho algún secreto grave; y lo que más temes, al
parecer, es que tu Leonor llegue a descubrirlo.
ABEN HUMEYA.- ¿Y qué secreto
pudiera yo ocultarte?...
ZULEMA.- No lo sé; ¡y cabalmente
esa misma duda es la que aumenta mi desasosiego!... Te veo en un
estado muy parecido al que me causó tantos días de
pesar cuando acabábamos de unirnos en Granada; pero entonces
yo misma me anticipaba a disculparte: te hallabas en la flor de la
mocedad, veías oprimida a nuestra raza y la sangre real de
los Aben Humeyas hervía en tus venas con sólo ver al
vencedor... Ese fue, y no otro, el motivo que me estimuló a
salir cuanto antes de aquella ciudad cautiva, llena de memorias
amargas, que mantenían tu ánimo en un estado de
tristeza y de irritación, que me puso en mucho cuidado...
Después llegué a lisonjearme, te lo confieso con
franqueza, de haber logrado mi objeto, desde que fijamos nuestra
morada en estas sierras... Al ver que ibas recobrando la paz del
alma, me sentía envanecida con mi triunfo; y si tenía
que compartirlo, ¡sólo era con mi hija!... Me
parecía que su presencia serenaba tu corazón; y los
delirios de la ambición no perturbaban ya tu
sueño...; pero, te lo repito, de algún tiempo a esta
parte...
ABEN HUMEYA.- ¿Qué has notado?
Dilo.
ZULEMA.- ¿Qué he notado?...
¡Todo cuanto puede afligirme!... Evitas con el mayor cuidado
desahogar tu corazón conmigo; y hasta parece que temes que
se encuentren nuestras miradas... Cuando mi padre, participando
también de mis recelos, ha procurado tantear la herida de tu
alma para procurarle algún alivio, has escuchado sus
consejos con tibieza y desvío; al paso que te veo rodeado de
los más díscolos de nuestras tribus, refugiados en
las Alpujarras; de cuantos sufren con mayor impaciencia el yugo del
cruel Felipe... ¡Guárdate, Fernando mío,
guárdate de dar oídos a sus imprudentes consejos;
escucha más bien la voz de tu esposa, que te pide por su
amor, por nuestra hija, que no expongas una vida de que pende la
tuya!
ABEN HUMEYA.- Tus temores no tienen ni el menor
fundamento; y tu mismo cariño te hace ver mil riesgos que no
existen sino en tu fantasía. Estoy triste, no lo niego; mi
corazón está lleno de amargura... ¿Tengo acaso
motivos para estar alegre?... Tú misma me
despreciarías, si me vieras contento.
ZULEMA.- No, Fernando; yo no me alucino
respecto de nuestra situación: sé bien los nobles
sentimientos que te animan; y yo propia, así cual me ves,
¡no he nacido tampoco para ser esclava!... Pero
¿qué podemos nosotros, débiles y miserables,
contra los decretos del destino?... Si hubiéramos nacido
algunos años antes; si me hubiera visto siendo tu esposa
cuando el trono de Boabdil aun se mantenía en pie contra
todas las fuerzas de Castilla, ¿crees por ventura que
hubiera yo entibiado tu aliento, detenido tu brazo?... Pero cuando
la ruina de nuestra patria se ve ya consumada; cuando no queda
arbitrio, recurso ni esperanza...
ABEN HUMEYA.- ¡Debo yo estar alegre!
ZULEMA.- (Después de una
breve pausa.) ¿Y de qué sirve
atormentarte con ese torcedor?... Aun en medio de tantas desdichas,
no te faltan motivos de consuelo: ves correr tus días en el
seno de tu familia, vives en la tierra de tu predilección,
esperas mezclar tus cenizas con las cenizas de tus padres... A
veces suelo, cuando me hallo más decaída de
ánimo, trepar hasta la cumbre de estas sierras, y desde
allí me parece que diviso a lo lejos las costas de
África... ¿Creerás lo que me sucede?... como
que siento entonces aliviarse el peso que oprimía mi
corazón, y me vuelvo más tranquila, comparando
nuestra suerte con la de tantos infelices, arrojados de su patria y
sin esperanza de volverla a ver en la vida... ¡Esos sí
que son dignos de lástima!
ABEN HUMEYA.-
(Levantándose de pronto.) No
son tan afortunados como nosotros.
ZULEMA.- Pero ¿de dónde proviene
esa agitación, que intentas en vano ocultarme?...
ABEN HUMEYA.- ¿Yo? Estoy tranquilo...
¿No lo ves?...
ZULEMA.- ¡Ah! esa misma tranquilidad es
la que me hace estremecer.
ABEN HUMEYA.- Sí, estoy tranquilo; y sin
embargo, veo el trono de mis mayores hollado por el insolente
español, nuestras mezquitas convertidas en polvo, nuestras
familias esclavas o proscritas... ¿Qué más
quieren de mí?... Yo propio, indigno de mi estirpe, blanco
de la ira del cielo y del menosprecio de los hombres...
¿Qué digo?...; ¡ni aun puedo volver los ojos
sobre mí, sin sentirme cubierto de vergüenza!
ZULEMA.- Sosiégate, Fernando...
ABEN HUMEYA.- Muy desgraciados son, haces bien
en compadecerlos; muy desgraciados son los que pueden
todavía, a gritos y a la faz del cielo, aclamar el nombre de
su patria y maldecir a sus verdugos; los que adoran al Dios de sus
padres; los que conservan sus leyes, sus usos, sus costumbres...
¡Cuánto no deben envidiar nuestra dicha!...
¡Nosotros vivimos con sosiego bajo el látigo de
nuestros amos, adoramos su Dios, llevamos su librea, hablamos su
lengua, enseñamos a nuestros hijos a maldecir la raza de sus
padres!...; pero ¿por qué te has inmutado?
ZULEMA.- ¡Si te oyese alguien!...
ABEN HUMEYA.- Tienes razón; se me
había olvidado: los viernes no nos permiten nuestros amos ni
aun cerrar nuestras puertas... ¡Quieren acechar hasta los
votos que dirigimos al cielo en este día, consagrado por
nuestros padres...; han menester, para saciar su rabia, escuchar
los ayes de las víctimas!
ZULEMA.- Por Dios, Fernando, aguarda un
instante; al punto vuelvo...
(Va a cerrar la puerta, a tiempo que entra
FÁTIMA, turbada y
sin aliento, y se arroja en los brazos de su madre; trae un velo en
la mano.)
Escena
II
ABEN
HUMEYA, ZULEMA,
FÁTIMA.
FÁTIMA.- ¡Madre mía!...
ZULEMA.- ¿Qué es eso?
ABEN HUMEYA.- ¡Elvira!
ZULEMA.- Habla, hija, explícate...
¿Por qué vienes tan azorada?...
FÁTIMA.- Ya nada temo... me hallo en
vuestros brazos.
ZULEMA.- Pero ¿qué te ha
sucedido? ¿No ibas con tus esclavas?
FÁTIMA.- Sí, madre mía;
con ellas salí esta tarde para ir a ver la fiesta de
Cádiar...; mi querida Isabel venía también
conmigo, y su hermana nos seguía de cerca...
¡íbamos tan contentas, tan alegres!... Casi
estábamos ya a las puertas del pueblo, cuando me dio un
vuelco el corazón al divisar soldados castellanos...
ABEN HUMEYA.- ¡Siempre, siempre
castellanos!
FÁTIMA.- Íbamos a pasar junto a
ellos con los ojos clavados en el suelo, y ya nos
estrechábamos las tres para salvar al mismo tiempo las
puertas, cuando oímos de pronto un grito, y vimos a los
soldados abalanzarse y arrancarnos los velos que nos cubrían
el rostro.
ABEN HUMEYA.- ¡Eso han hecho, hija
mía!
ZULEMA.- Escucha, Fernando, siquiera...
FÁTIMA.- Yo desprendí al punto mi
velo, viéndoles desgarrar el de Isabel, que cayó
medio muerta del susto...
ZULEMA.- ¿Y qué ha sido de
ella?... ¿Cómo te salvaste tú sola?...
FÁTIMA.- Ni aun yo misma lo sé...
¡estaba tan turbada!... Por fortuna vi venir a mi abuelo, que
acudió a nuestro socorro... Le he dejado en medio de los
soldados; acababan de pregonar un nuevo bando; no se oían
más que ayes y murmullo... Ni aun la cara me atreví a
volver, creyendo ver a los soldados seguirme y alcanzarme...
¡Nunca más en mi vida me volveré a apartar de
mi madre!
ZULEMA.- Sí, prenda de mi alma..., pero
ve y da un, beso a tu padre... ¡No estaré con sosiego
hasta que te vea en sus brazos!
FÁTIMA.- (Al dar un beso a
ABEN
HUMEYA.) ¡Estáis también
temblando!
ABEN HUMEYA.- ¡No, hija, no..., los
hombres no tiemblan jamás!
ZULEMA.- ¡Así callas, Fernando, y
recibes con tanta tibieza las caricias de tu Elvira!
ABEN HUMEYA.- (Besándola
en la frente.) Al contrario... mira como la beso.
FÁTIMA.- Ya todo se me pasó; no
hay para qué afligiros...; estoy viendo que se os saltan las
lágrimas...
ZULEMA.- ¡Llora!... ¡Perdidos
somos!
Escena
III
ABEN
HUMEYA, ZULEMA,
FÁTIMA,
MULEY
CARIME.
MULEY CARIME.- Hijos míos, llegó
el día de prueba, y es necesario desbaratar, a fuerza de
prudencia, las tramas de nuestros enemigos.
ZULEMA.- ¿Qué nueva calamidad nos
amenaza?
MULEY CARIME.- Ya sabréis lo que ha
pasado con nuestra Elvira... El cielo mismo me condujo a
Cádiar cuando acababan de publicar un nuevo edicto contra
nuestra nación. Quieren borrar con el hierro hasta el rastro
de nuestro origen; nos prohíben el uso de nuestra habla
materna, los cantares de nuestra niñez, hasta los velos que
cubren el pudor de nuestras esposas e hijas... No queda ni asomo de
duda: su intención es apurar nuestra paciencia, para tener
ocasión de agravar más su yugo... ¡El cielo nos
libre de caer en semejante lazo!
ZULEMA.- ¡Dios de clemencia, escucha la
voz de mi padre!
MULEY CARIME.- Mi presencia en aquel punto, me
atrevo a decirlo, no ha dejado de ser de provecho... Advertí
que se reunían grupos de gente en los contornos de la
plaza... Reinaba en ella un profundo silencio..., todos se
apartaban con ceño airado al acercarse los castellanos...,
ni una sola ventana estaba abierta. Temí entonces que
algún grito imprudente, alguna muestra de descontento y odio
provocase el furor de la soldadesca y atrajese al pueblo mil
desastres... ¡Al punto me aboqué con nuestros amigos;
les pedí por cuanto aman en el mundo que se volviesen a sus
casas, y que sobrellevasen con resignación las nuevas plagas
con que Dios nos anuncia su ira!...
ZULEMA.- (A ABEN HUMEYA.) Ni
siquiera dices una palabra...
ABEN HUMEYA.- (Está
sentado, como pensativo, y contesta con
frialdad.) Estoy escuchando.
MULEY CARIME.- ¡Cuánto me
alegré de que no te hallases en medio del bullicio!... A
cada instante temía encontrarte en aquel tropel, y sobre
todo lo temí al ver a nuestra Elvira, que iba huyendo con
otras muchachas de la tropelía de los soldados...
FÁTIMA.- (A MULEY
CARIME.) ¡Qué gesto tan terrible
tenían!...
MULEY CARIME.- Yo me puse de por medio, para
atajar sus pasos... «No iréis más allá,
sin barrer antes el suelo con mis honradas canas...» Les dije
estas palabras con acento tan firme, tan resuelto, que al punto se
pararon... ¡No se atrevieron a hollar a un anciano, que
acudía al socorro de unas inocentes!
ABEN FARAX.- ¿Lo estáis
viendo?... Nuestros recelos no llegaban ni con mucho a la realidad.
Aun no conocíamos a fondo a nuestros tiranos; con nuestra
baja sumisión hemos acrecentado su avilantez, y en el
desvanecimiento de su triunfo, ¡hasta privarnos quieren del
aire mismo que respiramos!
ZULEMA.- Por compasión siquiera...
¡mira que tiene mujer, que tiene hijos!...
ABEN FARAX.- También tengo yo mujer,
también tengo hijos; pero antes que deshonrados, prefiero
verlos muertos. Aun no era bastante tolerar tanto vilipendio y
ultraje, ver nuestras personas y bienes pendientes de su antojo; se
atreven a mirar con ojos licenciosos a nuestras esposas e hijas...
¿Hay algo en el mundo que respeten ellos?
MULEY CARIME.- ¿Y crees que el mejor
medio de evitar tantos males es soltar la rienda a la ira?... Eso
es lo que desean nuestros enemigos.
ABEN FARAX.- ¡Nos han hecho ya tan
infelices, que nada tenemos que temer!
MULEY CARIME.- Ayer... ¿qué
digo?... hoy mismo, creíamos que nuestras desgracias
habían llegado a su colmo... Buen cuidado han tenido ellos
de desengañarnos.
ABEN FARAX.- ¿Y qué les queda ya
por hacer?... Acaban de agotar hasta los recursos de su odio.
Prepáranse a penetrar en nuestras casas; van a contar, en el
seno mismo de nuestras esposas, el número de nuestros hijos,
o por mejor decir, de sus esclavos; aun corren voces de que
intentan arrebatárnoslos y llevarlos al corazón de
Castilla...
FÁTIMA.- (Cogiendo la mano
de su padre.) ¡Eso no!... ¿Quién
en el mundo podrá arrancarme de vuestros brazos?...
Escena
V
ABEN
HUMEYA, ZULEMA,
FÁTIMA,
MULEY CARIME, ABEN FARAX, ABEN ABÓ, EL PARTAL y otros
caudillos.
ABEN ABÓ.- (Al
entrar.) Hijo de Aben Humeya, ¿sabes ya tu
afrenta?
ABEN HUMEYA.- Acabo de saberla.
ABEN ABÓ.- ¿Y todavía
estás indeciso?
ABEN HUMEYA.- Aun no es tarde...
ABEN ABÓ.- ¡Aun no es tarde!... Si
hubiéramos levantado el brazo de venganza antes de recibir
las postreras injurias; si no hubiésemos contenido, por una
culpable flaqueza, el alzamiento de cien tribus, prontas a sacudir
el yugo de nuestros tiranos, ¿hubieran éstos llevado
a tal extremo su opresión y sus demasías?...
¡No por cierto; antes bien hubieran disfrazado su miedo con
capa de benignidad; no habrían sacrificado tantas
víctimas, ni osado sepultar en un calabozo al descendiente
de nuestros reyes!
ABEN HUMEYA.- ¿Qué dices?
ABEN ABÓ.- Pues ¿ignoras la
desgracia de tu padre?
ABEN HUMEYA.- ¡De mi padre!
ABEN ABÓ.- Sí, Aben Humeya,
sí; ya está cargado de cadenas, y no aguarda sino la
muerte.
ABEN HUMEYA.- (En un arranque de
cólera.) Se acabó. ¡Sangre,
amigos, sangre!... Estoy de ella sediento.
ZULEMA.- ¡Esposo mío!
MULEY CARIME.- ¡Fernando!...
ABEN HUMEYA.- Dejadme... dejadme todos...
ZULEMA.- Mira a tu hija, cómo se echa a
los pies de su padre...
ABEN HUMEYA.- ¡De su padre!...
También tengo yo el mío... también le tengo, y
voy a vengarle.
MULEY CARIME.- Pero deja que a lo menos sepamos
de cierto...
ABEN ABÓ.- ¡Ah! demasiado cierto
que es... El valiente Alí Gomel acaba de llegar de Granada,
de donde destierran del modo más cruel un gran número
de nuestras familias; las arrojan, so pena de muerte, de sus pobres
hogares; las entregan a la miseria, las impelen a la
desesperación y a los delitos, para tener pretextos de
castigarlas... Tres días ha que ha salido de la ciudad el
marqués de Mondéjar al frente de sus tropas; y va a
penetrar en estas sierras, para asegurar el cumplimiento de esos
decretos bárbaros... Le prescriben esta sola respuesta:
«Los moriscos están a nuestros pies... o ya no
existen.»
ABEN FARAX.- ¿Qué aguardamos,
pues, qué aguardamos para dar a nuestros hermanos la
señal, que ha tantos años nos demandan?...
(Clavando los ojos en ABEN HUMEYA.)
¿Habremos menester, para que nuestro valor se
reanime, que la sangre de nuestros padres haya teñido ya el
cadalso?
ABEN HUMEYA.- ¡No, amigos, no; el
día de la venganza nos está ya alumbrando!
ZULEMA.- ¡Desdichada Leonor, todo se
acabó para ti!
MULEY CARIME.- ¡Hija!...
ZULEMA.- ¡Ven, Elvira, ven... ya no le
queda a tu madre más consuelo que tú!
MULEY CARIME.- Apenas puedes mantenerte en
pie... tranquilízate, mi querida Leonor... ¡El brazo
de Dios nos servirá de escudo!
(ZULEMA se
encamina a su aposento, descaecida de ánimo y de fuerzas,
sosteniéndola su padre y su hija.)
Escena
VI
ABEN
HUMEYA, ABEN
ABÓ, ABEN
FARAX, EL PARTAL, y
los otros caudillos.
Durante esta escena el teatro se va oscureciendo
insensiblemente.
ABEN HUMEYA.- ¡Quédense los lloros
para viejos y mujeres; las injurias que se hacen a hombres
esforzados no se lavan sino con sangre!
PARTAL.- Al oír esas palabras, ya te
reconocemos, Aben Humeya...
LOS OTROS CAUDILLOS.- Ya te reconocemos.
ABEN HUMEYA.- ¡Sí, amigos
míos; no ha sido un vil temor el que me ha impedido por tan
largo espacio desnudar el acero; he sufrido en silencio tantos
ultrajes, he ahogado en el pecho mis quejas, por no dar esa
satisfacción a nuestros tiranos; pero entre tanto el odio se
arraigaba más y más en mi alma; ¡y nunca ha
llegado la noche sin que haya ido a jurar sobre las tumbas de mis
padres vengarme hasta la muerte!... Mas no bastaba saber que
nuestros amigos y hermanos sufrían a duras penas el yugo y
ansiaban sacudirle; ¡era más acertado aguardar, que no
arriesgar imprudentemente la suerte de esta comarca, la existencia
de tantas familias, la última esperanza de la patria!...
Harto seguro estaba yo de que la opresión de nuestros
tiranos agotaría nuestra paciencia; y les dejé a
ellos mismos el dar la señal del levantamiento... pues ya la
han dado, de cierto será oída.
PARTAL Y LOS OTROS CAUDILLOS.- Sí, lo
será.
(Manifiestan temor de que los sorprendan; uno de
los caudillos se asoma a la puerta, y prosiguen luego el
diálogo con más precaución y
recato.)
ABEN ABÓ.- ¿Y qué duda
pudiera quedarnos en virtud de los avisos que acabamos de
recibir?... Todos nuestros pueblos están prontos. ¡Por
toda la costa, en la serranía de Ronda, en la vega de
Granada, hasta en el seno de la ciudad y en medio de nuestros
enemigos, nuestros hermanos aprestan ya la armas y aguzan los
puñales!
AREN FARAX.- ¡Creían nuestros
opresores habérnoslos arrancado de la mano... los
hallarán en su corazón!
ABEN HUMEYA.- ¡Logre yo ver ese
día, y muero satisfecho!... Pero no perdamos en vanas
amenazas momentos tan preciosos. Corramos ahora mismo a congregar a
nuestros parciales; confiémosles nuestro designio;
reunámonos al punto para poner término a nuestra
servidumbre... Hasta el mismo cielo parece que nos brinda con la
ocasión más favorable; cabalmente esta noche celebran
nuestros tiranos el nacimiento de su Dios; y mientras estén
ellos arrodillados en sus templos o entregados a la embriaguez en
licenciosos festines, evitaremos su vista a favor de la oscuridad;
buscaremos un asilo en las concavidades de estos montes; ¡y
sacaremos del seno de la tierra las armas de nuestros padres,
tantos años ha consagradas a la venganza!
ABEN FARAX.- Donde debiéramos reunirnos
es en lo hondo del precipicio, en la cueva del
Alfaquí...
EL PARTAL.- ¡Vamos a la cueva del
Alfaquí!
ABEN ABÓ.- Justo es que ese anciano
venerable, pontífice de nuestra Ley y predilecto del
Profeta, sea quien reciba nuestros juramentos... ¡Sólo
él no ha doblado la rodilla ante nuestros tiranos;
más bien ha preferido renunciar a la luz del día!
ABEN HUMEYA.- Vamos, pues, ya que la noche nos
ampara, a reunirnos en esa cueva, donde nunca ha penetrado la vista
de nuestros enemigos... ¿No vienen ellos a marcarnos con el
hierro de esclavos? Pues reconozcan en nosotros sus antiguos
señores... Antes que el relámpago brille, los
habrá herido el rayo.
(Vanse todos por la puerta del foro. ABEN HUMEYA se detiene un instante,
volviendo la vista hacia el aposento de su mujer, y después
se va con los demás.)
Escena
VII
El ALFAQUÍ.
Se muda la decoración. El teatro representa
una vasta caverna, cuya bóveda está sostenida por
informes peñascos, de los cuales penden grupos de
estalactitas. Todo el ámbito del teatro, casi hasta el
proscenio, está lleno de rocas apiñadas. En el
segundo término, a mano izquierda, se ve una concavidad en
la roca, la cual sirve de aposento al ALFAQUÍ. Una lámpara de
hierro alumbra escasamente esa especie de gruta, mientras lo
restante del teatro aparece sombrío. El ALFAQUÍ está sentado,
con un libro delante.
ALFAQUÍ.- «El poderío del
infiel está cimentado en arena; y su denominación
pasará más rápida que el torbellino en el
desierto... Día vendrá en que los hijos de la tribu
escogida sentirán entibiarse su celo, y la coyunda de la
servidumbre pesará sobre su cerviz...; pero al verse en tan
amargo trance, ¡volverán los ojos al Oriente, y el
rocío de consolación bajará del séptimo
cielo!...» (Al cabo de unos instantes de
meditación sale fuera de la gruta.) ¡Lo
sé, gran Dios, lo sé! ¡Tus promesas no pueden
fallar; tienen un apoyo más firme que los cimientos de la
tierra!... ¡Pero yo, pobre viejo, cuya vida, va a apagarse al
menor soplo, quizá antes que esa luz..., yo bajaré a
la huesa sin haber presenciado tu triunfo!... Y, sin embargo,
ésa era la única esperanza que me hacía
sobrellevar la vida... ¡Ni un solo día ha
transcurrido, durante tantos años, sin que haya esperado ver
el rescate de tu pueblo; y cada día veo acrecentarse su
envilecimiento y sus desdichas!... Quizá no habré yo
comprendido bien tu revelación misteriosa; y no era
suficiente renunciar al trato de los hombres, por no abandonar tu
ley santa... Hubiera debido proclamarla en alta voz, en medio de
los verdugos, y reanimar con mi ejemplo la fe de estos pueblos,
próxima ya a extinguirse... Así es como el
alfaquí de Vélez... me parece que le estoy viendo...
y aun era yo muchacho... no hacía sino repetir el nombre de
Alá, al subir con pie firme a lo alto de la hoguera; y aun
volvía los ojos al templo edificado por el hijo de Abraham,
cuando las llamas de los idólatras envolvían ya su
cuerpo.
(Antes de concluirse esta escena se ve al
PASTORCILLO que baja a la
cueva.)
PASTORCILLO.- He tardado mucho... ¿no es
verdad?...; pero no ha sido culpa mía... Hasta he tenido que
correr porque no estuvieseis con cuidado.
ALFAQUÍ.- Ya se te conoce; vienes muy
cansado...; vamos, ven aquí, cerca de mí... Yo no
tengo más consuelo en el mundo que verte estos cortos
momentos.
PASTORCILLO.- Ni yo sé cómo he
podido venir... Fui hoy al pueblo con otros pastores... iban a
celebrar la Nochebuena, y se empeñaron en que me quedase con
ellos... ¡tenían unos instrumentos tan lindos!, pero
yo me escapé sin que ellos me viesen, para traeros estas
frutas...
(Saca del zurrón un panecillo y unas frutas
secas, que coloca sobre una pena, a la entrada de la
gruta.)
ALFAQUÍ.- ¡A las claras estoy
viendo que el Dios de Ismael no me ha abandonado, pues que te
envía a socorrerme como un ángel consolador!
PASTORCILLO.- Mi padre fue quien me
mandó que lo hiciese así, encargándomelo mucho
a la hora de su muerte.
ALFAQUÍ.- ¡Yo le debo la vida,
hijo mío!... era el único amigo que ya me quedaba...
Obedecía al precepto de Dios, y no temía la ira de
sus enemigos.
PASTORCILLO.- Algunas veces le
acompañaba yo cuando venía aquí... ¿Lo
habéis olvidado?
ALFAQUÍ.- No por cierto... Y
también es necesario que no olvides tú los consejos
que te daba tu padre...
PASTORCILLO.- ¡Olvidarlos yo!...
Así que veo a un castellano, vuelvo al otro lado la cara...
Hoy mismo he dado un gran rodeo por no pasar por la plaza...
¡había en ella tantos soldados!
ALFAQUÍ.- Han llegado sin duda desde la
última vez que te vi...
PASTORCILLO.- De seguro... ¡y si
supierais las voces que corren!... Dicen que vienen a impedirnos el
cantar nuestros romances tan bonitos, y hasta el bañarnos...
Yo lo siento por los demás; ¡pero por mí!... yo
cantaré en la cresta de los montes y me bañaré
en el río.
ALFAQUÍ.- ¡Qué feliz eres,
hijo, de no sentir aún el peso de nuestras desdichas!...
(Vense aparecer sucesivamente algunos MORISCOS que van bajando a la
cueva.)
PASTORCILLO.- ¿No es verdad que esos
soldados me harían mucho mal, si supieran que vengo
aquí?... Pero no importa; ¡yo no os he de abandonar en
mi vida!
ALFAQUÍ.- No, hijo; no vuelvas
más... Yo nada tengo ya que esperar del mundo; ¡y
tú puedes disfrutar todavía de tiempos más
felices!... Alza la cabeza... ¿por qué lloras?
PASTORCILLO.- Si lo estoy viendo... ya no me
queréis como antes... ¡Dejaros yo morir!
(Se echa en sus brazos.)
ALFAQUÍ.- No es eso, hijo mío;
vendrás cuando quieras... pero deja a lo menos que se vayan
esos castellanos... ¡Aun no los conoces tú bien!...
¿A dónde vas?
(El PASTORCILLO hace como que ha
oído ruido, y da algunos pasos; pero al ver a los
MORISCOS, vuélvese
asustado y se esconde en lo hondo de la gruta.)
PASTORCILLO.- ¡Ah!...
Escena
IX
El ALFAQUÍ, el XENIZ, el DALAY, otros muchos MORISCOS.
Así éstos como los que luego van
llegando, vienen ya vestidos con el traje de moros, con alquiceles,
albornoces, etc. Todos ellos traen sables y puñales, y
algunas hachas o teas encendidas, que colocarán en las
hendiduras de las rocas.
ALFAQUÍ.- ¿Quién sois?...
¿Qué venís a buscar en el seno de la
tierra?... ¡Es un sueño, Dios mío!
DALAY.- No, venerable Alfaquí; son
vuestros amigos, vuestros hijos, que se acogen a vuestro amparo,
como se busca el de un padre en los días de
tribulación.
ALFAQUÍ.- ¡Vuestro padre yo! Los
esclavos no tienen sino amos.
XENIZ.- A pesar de tantas desdichas, aun no
hemos merecido ese nombre...
ALFAQUÍ.- ¿Y cuál es el
que merecéis? ¿Habéis renegado el Dios de
vuestros padres; dejáis esclava a vuestra patria, que ellos
ganaron a costa de su sangre; compráis a fuerza de oprobio
el derecho de servir a vuestros verdugos?... Escoged, escogedle
vosotros mismos: ¿qué nombre debo daros?...
DALAY.- Harto hemos merecido hasta ahora
vuestras reconvenciones; y aun más amargas todavía
nos las ha hecho nuestro corazón, mientras hemos sufrido tan
dura esclavitud...; mas ya llegó a su fin.
ALFAQUÍ.- ¿Qué dices?...
¿Será cierto?
DALAY.- Sí, amado del Profeta; no
osaríamos comparecer a vuestra vista, si hubiésemos
de ir desde aquí a tomar otra vez nuestros grillos.
ALGUNOS MORISCOS.- ¡Jamás!
UN NÚMERO MAYOR.-
¡Jamás!
Escena
X
Los dichos. ABEN
ABÓ, ABEN
FARAX, el PARTAL y
otros MORISCOS.
ABEN ABÓ.- Esos acentos, este traje,
estas armas, os ponen de manifiesto nuestra firme
resolución: acabamos de arrojar la indigna máscara
que nos envilecía a nuestros propios ojos; y hemos vuelto a
empuñar el acero de nuestros padres, teñido tantas
veces con sangre de nuestros tiranos.
ABEN FARAX.- Alzados están ya cien mil
brazos, prontos a descargar el golpe a la primer
señal...
ABEN ABÓ.- Y ésa va a darse al
punto.
PARTAL.- No aguardamos sino al hijo de Aben
Humeya...
ALFAQUÍ.- ¡El hijo de Aben
Humeya!... ¡El postrer vástago de la palma real, el
descendiente del Profeta!
PARTAL.- El mismo, su tío Aben Juhar,
los principales de su tribu acaban de condescender con nuestros
deseos... Todos ellos van a reunirse aquí, ansiosos de
compartir nuestros riesgos y nuestra suerte...
Escena
XI
Los dichos. ABEN
HUMEYA, ABEN JUHAR
y otros MORISCOS de su
tribu.
VARIOS MORISCOS.- (A la entrada
de la caverna.) ¡Ya está
aquí!
MUCHOS MÁS.- ¡Ya está!
ALFAQUÍ.- ¡Ven en buen hora,
descendiente de cien reyes, ven!
(Muestras generales de
entusiasmo.)
ABEN HUMEYA.- ¡Venerable Alfaquí,
amigos míos, hermanos: con sólo hallarme en medio de
vosotros, me parece que ya respiro el aura de la libertad!
¡Cuánto se ha hecho desear este feliz momento!
¡Nunca han visto mis ojos a uno de nuestros tiranos, sin
desearle la muerte; nunca he puesto el pie en el templo de los
infieles, sin señalarlos en mi corazón como las
primeras víctimas que allí debieran inmolarse!
ALFAQUÍ.- El mismo celo muestra que
desplegaron sus mayores... ¡Con él
renacerán!
ABEN HUMEYA.- Yo os veía a todos
animados de los mismos sentimientos; sabía vuestros deseos;
pero era menester aguardar el momento oportuno, y que el golpe
precediese al amago... Tan feliz momento es llegado ya.
EL DALAY Y OTROS.- ¡Sí!
GRAN NÚMERO DE MORISCOS.-
¡Sí!
ABEN JUHAR.- Puesto que me conocéis,
amigos míos, mal pudiera tener reparo en alzar la voz en
medio de vosotros, cabalmente en ocasión tan crítica,
como que de ella va a pender nuestra suerte... No creáis que
el peso de los años haya helado la sangre en mis venas, ni
que me haga mirar con indiferencia la servidumbre y la
ignominia..., tan al contrario es, que por eso mismo estoy
más impaciente de que acaben cuanto antes nuestras
desdichas, para disfrutar al menos un solo día feliz... Mas,
¿a qué fin despertar a nuestros opresores, y que se
apresten a la defensa, antes de que hayamos concertado todos los
medios para darles el golpe mortal?...
ABEN ABÓ.-
(Interrumpiéndole.) ¿Tenemos
las armas en la mano, y aguardaremos como viles siervos?...
ABEN FARAX.- ¿Habremos de ver por
más tiempo profanados nuestros hogares?...
DALAY.- ¿Insultadas nuestras
esposas?
PARTAL.- ¿Esclavos nuestros hijos?
GRAN NÚMERO DE MORISCOS.- ¡No!
TODOS.- ¡No!
ABEN HUMEYA.- ¿Y qué medio
más eficaz que nuestro mismo levantamiento, para apresurar
la llegada de los socorros de África, y alzar a un
millón de nuestros hermanos en todo el ámbito del
reino?... Cuando vean a nuestra raza empeñada en una guerra
a muerte, ¿permanecerán indecisos en un solo
instante, o se negarán a tendernos una mano amiga?...
Nosotros somos (¿el corazón leal no nos lo
está anunciando?...), nosotros somos los que destina el
cielo para dar a nuestros hermanos la señal y el ejemplo...
Al abrigo de esta región fragosa, resguardada la espalda con
el mar, y dando casi la mano a nuestros hermanos de África,
nosotros sí que podemos provocar impunemente a nuestros
contrarios, y empeñarlos en una larga lucha, sin que puedan
prometerse buen éxito, ni provecho, ni gloria... Cuando
tienen por todas partes émulos y enemigos,
¿podrán ver sin temor ni recelo cundir el incendio a
sus propios hogares?... ¡No, no; temblarán a su vez
por sus esposas, por sus hijos, así como nosotros hemos
temblado por los nuestros; recejarán de espanto, al ver que
ante sus pies vuelve a abrirse el abismo que ha tragado sus
generaciones por el transcurso de ocho siglos!
ALFAQUÍ.- El cielo acaba de hablar por
tu boca, descendiente de los Abderramanes... ¡Sin duda te ha
escogido para ser el ministro de su venganza y el libertador de tu
patria! Oíd, hijos míos, oíd: quizá sea
ésta la postrera vez que escuchéis mis acentos; mi
hora final está ya muy cercana; y no entreveo lo porvenir
sino al pisar los límites de la eternidad.
PARTAL.- ¡Silencio, compañeros,
silencio!
ALFAQUÍ.- No basta que rompáis
vuestras cadenas; es preciso que levantéis otra vez el trono
de Alhamar... Y, no lo habréis olvidado sin duda, el que
destina el cielo para cimentarle de nuevo es un caudillo de sangre
real y de la misma estirpe del Profeta...
PARTAL.- ¡No puede ser otro sino Aben
Humeya!
MUCHOS MORISCOS.- ¡Él es!...
¡Él es!...
ABEN ABÓ.- ¡Aun no hemos
desenvainado el acero, y ya buscamos a quien someternos!
ABEN FARAX.- No faltarán valientes que
nos guíen a la pelea; ¿hemos menester más?
ABEN ABÓ.- Cuando hayamos borrado, a
fuerza de honrosos combates, las señales de nuestros
hierros; cuando seamos dueños de algunos palmos de tierra en
que zanjar a lo menos nuestros sepulcros; cuando podamos siquiera
decir que tenemos patria, los que logren sobrevivir a tan larga
contienda, podrán a su salvo elegir rey..., y aun entonces
no debiera ser la corona ciego don del acaso, sino premio del
triunfo.
ABEN HUMEYA.- Por mi parte, Aben Abó, ni
aun aspiro a ese premio; y puedo de buen grado cederle a otros...
Los Aben Humeyas tienen su puesto seguro; siempre son los primeros
en las batallas.
ABEN ABÓ.- Y nunca los Zegríes
han sido los segundos.
ALFAQUÍ.- Templad, hijos, templad ese
ardor belicoso que centellea en vuestros ojos e inflama vuestras
palabras... ¡Reservadle contra nuestros contrarios! Cuando
tenemos en nuestra mano la libertad o la esclavitud de nuestros
hijos, la suerte de la patria, la exaltación o el vilipendio
de la religión de nuestros padres,
¿pudiéramos, sin cometer el mayor crimen, escuchar la
voz de las pasiones?... ¡Ah! no se trata por cierto de dar en
el palacio de la Alhambra la corona de oro y pedrería que el
indigno Boabdil no supo conservar sobre sus sienes; en medio de
estos precipicios, amenazados por nuestros contrarios, casi en el
borde del sepulcro, sólo una espada podemos dar al que
elijamos hoy por nuestro supremo caudillo; no se verá a
mayor altura que los demás, sino para estar más
próximo al rayo.
PARTAL.- Hablad, intérprete del Profeta;
prontos estamos a obedeceros.
ALGUNOS CAUDILLOS.- ¡Todos lo estamos,
todos!
ALFAQUÍ.- El cielo ha hablado ya por sus
pronósticos y portentos; pero aun va a manifestaros su
voluntad con un signo glorioso.
(Encamínase, arrebatado de entusiasmo, hacia
lo hondo de la gruta. La turba de MORISCOS, que le habrá dejado
libre paso, manifiesta sorpresa y admiración en tanto que
aguarda su vuelta.)
DALAY.- ¿A dónde va el venerable
Alfaquí?...
XENIZ.- El fuego de la inspiración
relumbraba en su frente...
PARTAL.- ¡Aguardemos, compañeros,
aguardemos con silencio religioso a que nos dicte las
órdenes del cielo!
ALFAQUÍ.- (Despliega a la
salida de la gruta un estandarte viejo de seda carmesí,
galoneado de oro y sembrado el campo de medias lunas de
plata.) ¡Mirad, nietos de Muza y de Tarif;
mirad!...
ABEN JUHAR.- ¡Es el estandarte del
reino!
DALAY.- ¡La enseña de Alhamar!
XENIZ.- ¡Segura es la victoria!
MUCHOS MORISCOS.- ¡Ya nos salvamos!
ALFAQUÍ.- El cielo nos le ha conservado
a fuerza de prodigios, cual prenda de su protección...
¡y en él está cifrada la suerte del
imperio!
PARTAL.- Extended cuanto antes, extended en
medio de nosotros el estandarte real de nuestros padres... A su
sombra sagrada vamos a proclamar nuestro monarca... ¡Viva el
ilustre nieto de los reyes de Córdoba y Granada!
TODOS LOS MORISCOS.- (Excepto
ABEN ABÓ,
ABEN FARAX y los de su
bando, que formarán un grupo a un lado del
teatro.) ¡Viva Aben Humeya!
ABEN HUMEYA.- Por favor, amigos, por favor
siquiera, oídme unos instantes... Yo no tengo más que
una diestra, un corazón de que disponer, y ha largo tiempo
que son de mi patria; ¿qué más pudiera
ofrecerle?... Pero si sólo se necesitan diestra y
corazón para pelear, para reinar no bastan...
XENIZ.-
(Interrumpiéndole). Ante los
ojos tiene el ejemplar de sus mayores...
DALAY.- Será cual ellos nuestro
libertador...
PARTAL.- Hasta su nombre será un
símbolo de unión para estos pueblos, un presagio del
triunfo...
(ABEN
HUMEYA se muestra confuso, y parece que intenta, con su
gesto y ademán, calmar el entusiasmo, de la
muchedumbre.)
ALFAQUÍ.- Basta ya, amado del Profeta;
basta de indecisión... Cuando el cielo dicta sus
órdenes, al hombre no le toca sino cerrar los ojos y
obedecer.
ABEN HUMEYA.-
(Arrodillándose ante el ALFAQUÍ). Lleno
de confianza me someto a su voluntad suprema... y aguardo saber de
vuestro labio sus sagrados decretos.
ALFAQUÍ.- (Con tono
pausado y grave.) El Dios de Ismael no te ha
reservado en estos días de prueba un trono de delicias...,
antes bien va a depositar en tus manos la suerte de un pueblo
desventurado, cautivo, reducido a forcejear entre los brazos de la
muerte... Sírvele de apoyo en la tierra... El Eterno vela en
su guarda... y también es juez de los reyes.
ABEN HUMEYA.- Yo juro, ¡oh sagrado
Pontífice!, a la faz del cielo y de la tierra, regir estos
pueblos en paz y justicia, y derramar mi sangre en su defensa...
¡Ojalá que suban mis palabras al trono del
Altísimo, y que el Dios de Ismael las acoja propicio!
ALFAQUÍ.- Escritas están ya, por
su diestra omnipotente, en el libro de tu destino... Al fin de los
siglos, cuando haya desaparecido el mundo, las hallarás ante
tus ojos.
(Levántase ABEN HUMEYA; y después de un
instante de pausa, prosigue el ALFAQUÍ en estos
términos:)
A
confiarte voy, en el nombre del Todopoderoso, este sacro
estandarte, que ha servido para la coronación de veinte
reyes, desde Alhamar hasta Muley Hazen... Nunca se ha visto
humillado ante la cruz del infiel; y todavía ha de ondear en
la gran mezquita de Granada.
(ABEN
HUMEYA empuña el estandarte.)
Hijos míos, ved aquí vuestro rey... Que el jefe
más antiguo de estas tribus le reconozca por tal, a nombre
de todos.
ABEN JUHAR.- Por nuestro rey te reconocemos,
ilustre nieto de los Abderramanes...
(Inclínase contra el suelo, y besa la tierra
en el mismo paraje en que tenía ABEN HUMEYA su pie
derecho.)
CASI TODOS LOS MORISCOS.- ¡Viva Aben
Humeya!
ALFAQUÍ.- Musulmanes, el curso de la
luna señalaba hoy el día santo, consagrado por la ley
a las abluciones y a la oración, y aun no habéis
satisfecho deuda tan sagrada... Pero hallándoos ahora lejos
de la vista de nuestros opresores, vuestros acentos se
elevarán más puros al cielo en el silencio augusto de
la noche, y los primeros instantes de vuestra libertad serán
ofrecidos en holocausto a su divino Autor.
(Vuélvense todos hacia el Oriente; y
así que empieza la música entonan el
siguiente:)
CANTO
MUSULMÁN
ALFAQUÍ
¡Al Eterno ensalzad, musulmanes!
TODO EL CORO
¡No hay más Dios sino el Dios de
Ismael!
PRIMERA PARTE DEL CORO
«Dios me envía», clamaba el
Profeta;
«y su labio ha dictado esta Ley.»
SEGUNDA PARTE DEL CORO
A su acento los ídolos caen,
sumergidos en sangre se ven.
PRIMERA PARTE DEL CORO
El Profeta gritó a las naciones:
«¡Dios lo manda; morid o
creed!»
SEGUNDA PARTE DEL CORO
Y su diestra extermina al rebelde,
y la tierra se postra a sus pies.
ALFAQUÍ
¡Al Eterno ensalzad, musulmanes!
TODO EL CORO
¡No hay más Dios sino el Dios de
Ismael!
PRIMERA PARTE DEL CORO
¡Dios es grande, y abarca el espacio;
Dios es fuerte, su rayo temed!
SEGUNDA PARTE DEL CORO
¡Dios es Dios!...
(Suena a lo lejos el toque de una campana; cesa de
pronto el canto, y los moriscos se muestran pasmados y
suspensos.)
ALFAQUÍ.- ¿No
escucháis?... ¿No escucháis?... ¡Hijos
de Ismael, los infieles os llaman para ir a idolatrar en su
templo!
ABEN HUMEYA.- No; ¡es la hora de la
venganza y la voz de la muerte!
TODOS LOS MORISCOS.- ¡La muerte!
ALGUNAS VOCES.- (Desde lo hondo
de la cueva.) ¡La muerte!...
(Sacan todos el sable; algunos vuelven a tomar las
hachas y teas encendidas.)
ABEN HUMEYA.- Corramos, amigos, corramos sin
tardanza...; penetremos en la villa por mil puntos a un tiempo;
entremos a hierro y fuego sus templos y moradas... ¡En el
seno de sus esposas, al pie de sus altares, en el asilo de nuestras
casas, por todas partes hallan la segur de la muerte!
TODOS LOS MORISCOS.- ¡La muerte!
ABEN HUMEYA.- ¡Ni perdón ni
piedad; tenemos que vengar en breves instantes medio siglo de
esclavitud! (Abalánzase en medio de la turba
con el estandarte desplegado.) ¡A las armas,
musulmanes!
TODOS LOS MORISCOS.- ¡A las armas!
(Salen de tropel, blandiendo los aceros y
sacudiendo las antorchas; el ALFAQUÍ los acompaña
hasta el pie de la subida, exhortándolos con la voz y el
gesto.)
ALFAQUÍ.- ¡Hijos de Ismael, herid
y matad! ¡El Dios de Mahoma os está mirando, y el
ángel exterminador va delante!