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ArribaAbajo L’exil de 1939

Josep-Maria Solé i Sabaté


L’Europe du XXe siècle n’avait vu que peu de fois une avalanche humaine fuyant les violences de la guerre comme celle qui se produisit quand la Catalogne fut occupée par les troupes franquistes aux premiers jours de février 1939.

Les fugitifs, estimés à plus de 500000, qui formaient une longue et triste procession, fuyaient la barbarie des militaires rebelles à la deuxième République Espagnole. Ils venaient d’Andalucía, Extremadura, Euskadi, de Madrid, d’autres régions de l’Espagne et, pour une majorité de Catalogne.

Ils devaient faire face à l’incompréhension la plus totale de l’État français qui les recevait, et l’extrême méfiance de la population de l’hexagone qui, à l’arrivée des «rouges» croyait à celle de bandits les plus divers. La propagande de la droite espagnole putschiste avait ses échos dans la presse française et l’Église regardait aussi avec appréhension cette foule hétéroclite qui venait d’un pays où tant de religieux avaient été poursuivis et malheureusement souvent assassinés.

Au fil des jours, leur opinion allait basculer car les autorités durent constater que les hommes politiques républicains étaient d’honnêtes et démocrates victimes de la lâcheté internationale face à la monté des fascismes. Peu de temps après, la France allait, à son tour, souffrir dans sa chair d’une double agression, venant de l’extérieur et de l’intérieur.

Les Français se rendirent compte que les exilés venaient du monde du travail, de la culture, de l’art, de professions libérales et de la plus diverse et digne partie d’une société qui luttait pour la modernisation de l’État espagnol. La lutte avait opposé ceux qui combattaient pour une société plus juste, sans privilèges, et ceux qui, par la force des armes voulaient maintenir, pour leur propre compte, une société de privilèges.

Il y avait un groupe important du monde de la culture, que la Generalitat de Catalunya, gouvernement d’une nation non reconnue au sein de l’État Espagnol, traitait avec sollicitude et attention. Il y avait aussi ceux qui rêvaient de grandir dans un milieu de culture pour montrer qu’ils portaient en eux une création artistique.

Ce sont ces artistes qui ont apporté à la création française les blessures de cette déchirure irréparable, celle de leur enfance, paysages et rêves de leur âge tendre et réveil cruel par la douleur brutale, la mort, les bombardements, et les peurs multiples qu’ils ont traînées toute leur vie dans leurs souvenirs.

On dit que les exilés sont des «trans-bannis», ils sont de deux pays, de deux patries. Il est fort probable qu’ils sont la conscience la plus humaine pouvant s’élever contre les crimes de guerre.

L’exil catalan du mois de février 1939 est un lourd fardeau qui a obligé ceux qui l’ont vécu à être d’éternels Sisyphe, luttant sans cesse pour placer au pinacle la libération d’une douleur collective exprimée par la nostalgie, le vague à l’âme ou l’art, mais toujours contraints de monter et descendre la pierre de la montagne, toujours prisonniers de leurs sentiments.