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ArribaAbajoIV. Actes de vente hébreux originaires d'Espagne

Isidore Loeb


Grâce à l'obligeance de M. Enrique-Cl. Girbal, le savant auteur de l'Histoire des Juifs de Girone (Los Judíos en Gerona, Girone, 1870), nous avons pu nous procurer les photographies de cinq pièces hébraïques conservées aux Archives de l'hospice provincial de Girone et provenant de la Pia Limosna del Pan de la Seo, à Girone. Nous les reproduisons plus loin, avec une analyse   —43→   française et des notes que nous devons en grande partie á M. Girbal16. Cette publication peut être considérée comme faisant suite à celle que nous avons faite dans la Revue des Études juives, tome IV, p. 226.17

M. Girbal nous a communiqué un plan manuscrit d'une partie de la ville de Girone, dont l'écriture est de la fin du dernier siècle, mais qui pourrait bien être copié sur un plan plus ancien. Le dessin en est informe, mais on peut cependant en tirer quelques renseignements sur la juiverie de Girone. Celle-ci était située tous près de l'Onyar, sur la rive droite de cette rivière, qui traverse Girone en coulant du nord au sud. Elle se composait d'un pâté de maisons limité comme suit: à l'ouest (parallèlement à l'Onyar), une assez large rue appelée, à son extrémité méridionale, carré de S. Llorens; du côté septentrional, carré del call judaic; au N., une large rue appelée carré de la Ruca (ânesse); à le, suite du carré de la Ruca et place rentrante du Forn de la Ruca; puis, en continuant à marcher du N. au S., une rue appelée carré de la Claveria dans laquelle débouche un étroit passage appelé Carrero que va à la sinagoga dels Jueus et qui descend obliquement (du S. au N.) vers le carré de S. Llorens. Enfin, la synagogue, adossée, sans aucune séparation, à S. Llorens. Ce pâté est traversé, vers son milieu, de l'E. à l'O., d'une rue appelée Call judaic, sur laquelle s'ouvre perpendiculairement, et allant du S. au N., une autre petite rue, qui porte le même nom et qui s'arrête, au centre des constructions, à une place appelée plaza del call. Dans l'angle rentrant qui forme la place du Forn de la Ruca se trouve la porte de la Aljama (communauté; ici, maison, propriété de la communauté?). Une partie de ces constructions a été achetée à la aljama juive par la Almoyna à une époque que nous ne connaissons pas; une des maisons (angle N.-E.) est désignée   —44→   comme achetée et habitée par un chanoine. Chose curieuse! le plan indique encore deux maisons portant le nom de leur ancien propriétaire juif. L'une de ces maisons se trouve dans l'angle N.-O. et est appelée Casal de Bonastruch jueu; l'autre, ayant appartenu à Abraan Isaach, est à cheval sur ce call judaïc qui se dirige de l'O. à le perpendiculairement à l'Onyar, lequel call passait sous cette maison. Ce call devait être escarpé et monter en pente raide vers la place des Apôtres, car il débouche, près de cette place, sur le sommet d'un escalier moderne dont le pied se trouve près de la synagogue. Près de la place du call, se trouve une autre maison qui avait appartenu aussi à Abraan Isaach.

Voici maintenant nos pièces disposées par ordre chronologique:


I

Girone 1288


Le tribunal soussignée atteste que s'est présenté devant lui R. Josué Hallévi, demeurant à Tarragone, fils de R. Isaac Hallévi fils de R. Josué, et a déclaré qu'il possédait un acte en vertu duquel dame Tolsana (pour Tolosana, c'est-à-dire de Tolosa?) et son mari Josué fils de Zérahya fils de Sealtiel, et dame Dolsa (Douce) avec son mari Natan, fils de Salomon fils de Sealtiel, lui avaient vendu au mois de sebat de l'an 5044 (20 janvier à 18 février 1284) une maison située en cette ville (c'est-à-dire Girone), dans la rue des Juifs, au prix de 7.300 sous de Barcelone, et que, lors de la destruction de la ville18, l'acte de vente fut perdu. En conséquence le comparant demande que le tribunal reçoive la déclaration des témoins qui on certifié ledit acte de vente et en dresse un procès-verbal qui lui servira de preuve en lieu et place de l'acte perdu. Le requérant amena Natan fils de Josef et David fils d'Abbamari, lesquels attestèrent devant nous, le tribunal de trois personnes, qu'au mois de sebat de l'an 5044, dame Tolosana et son mari susdit, et dame Dolsa et sont mari susdit, vendirent   —45→   au requérant, demeurant à Tarragone, au prix de 7.300 deniers de Barcelone ayant cours dans cette ville (Girone), la maison qu'ils possédaient dans cette ville, dans la rue des Juifs, et dont voici les limites: à l'est, un cul-de-sac (imagen) appelé Call ample et les maisons des ayants-droit de Josué fils d'Efraïm, et une partie d'un cul-de-sac voûté (on couvert, imagen) qui est sous une partie des maisons des ayans-droit dudit Josué, fils d'Efraïm; au sud, la maison d'Isaac Hallévi, père dudit requérant, et de ses ayants-droit, et une partie de la maison des ayants-droit dudit Josué fils d'Efraïm; à l'ouest, une terre et une maison qui sont en dehors de l'ancien mur de la ville et qui lui avaient été vendus par les mêmes vendeurs précités, et une partie de la maison des ayants-droit de Méir fils de Salomon de Cabanas; au nord, la maison des ayants-droit du même Méir fils de Salomon. En foi de quoi, la présente pièce a été délivrée au requérant et signée par nous, le tribunal, à Girone, 1er, sebat de l'an 5049 (25 décembre 1288). Signé: Josef Hallévi fils d'Isaac; Josef fils de Hanninaï; Aron Cohen fils d'Elazar; Méir fils d'Isaac ibn Rabalia (imagen)19.

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II

Barcelone 1296


Les témoins soussignés attestent que dame Joyes (imagen)20 et son mari Josué Hallévi, fils d'Isaac Hallévi, demeurant à Tarragone, ont fait donation à leur fils Zérahya Hallévi, d'une maison21 qu'ils possèdent à Girone, dans le rue des Juifs qu'on appelle Call ample22, avec le terrain et les maisons contiguës aux maisons susdites et qui sont situées en-dehors du mur23 et sortent sur la place ou rue des Chrétiens avec le cens qu'ils ont sur ces maisons qui sortent sur la place des Chrétiens et qui sont, contiguës aux maisons nommées en premier lieu, lesquelles sortent également sur la place des Chrétiens. Lesdites maisons ont pour limites: à l'est, le Call ample susdit et les maisons des ayants-droit de R. Josué fils de R. Efraïm; au sud, la maison de R. Salomon Hallévi, frère du donateur susdit, et une partie de la maison des ayants-droit dudit Josué fils d'Efraïm; à l'ouest, le mur de la ville; au nord, les maisons des ayants-droit de R. Salomon fils de R. Méir de Cabanes24. En outre lesdits donateurs, ont fait donation à leur susdit fils de la moitié de vigne qu'ils possèdent dans le territoire de Girone au lieu appelé imagen (Balnovas?)25, et que le donateur Josué avait héritée de son père Isaac Hallévi fils de Josué, l'autre moitié appartenant à Salomon Hallévi, frère du donateur; ladite vigne ayant pour limites: d'un côté, la vigne des ayants-droit de Josué fils d'Efraïm; d'autre côté,   —48→   la route qui monte en un endroit qu'on appelle Diart26; du troisième côté, la vigne des ayants-droit de Josué fils de Schéschet; du quatrième côté, la rivière27. Avec cette donation, les donateurs ont transmis à leur fils tous les actes de propriété qu'ils possèdent sur les immeubles cédés par eux avec tous les droits qui y sont mentionnés. Les donateurs se réservent néanmoins le droit, leur vie durant, et le survivant, après la mort d'un des conjoints, de demeurer, eux, leur famille et domestiques, dans ladite maison en même temps que leur susdit fils et sa femme Reyna et leur famille et domestiques; et si les donateurs ou leur fils ne voulent pas demeurer dans cette maison, le donateur en aura l'usufruit tout le temps qu'il n'y demeurera pas28. De même, il s'est reservé pendant toute sa vie l'usufruit de la moitié de vigne donnée à son fils. Enfin, les deux époux font donation à leurs fils, pour en prendre possession après la mort du père, des cinq Livres de Moïse, premiers et seconds Prophètes, et Hagiographes, valant 500 sous barcelonais.

Fait à Barcelone en tammuz de l'an 5056 (3 juin à 2 juillet 1296). Signé: Samuel fils de Hanninaï; Reuben fiils de Moïse.

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III

Girone 1352


Les témoins soussignés attestent que devant eux s'est présenté Enjosef Içac et a déclaré que la communauté juive de cette ville a vendu à dame Reyna, veuve d'Encaravida Ravaya31, et à dame Tolosana, femme de Niçac Desmestre32, la maison et dépendances qu'ils ont dans cette ville dans la rue des Juifs et dont voici les limites: à l'est, la maison des ayants-droit de Nastrug Momet33; au nord, la rue (ou place) des Chrétiens; à l'ouest la rue   —52→   (ou place) des Juifs; et ledit Enjosef Içac a reçu procuration de la communauté juive de mettre dame Reyna et dame Tolosana en possession de ladite maison et dépendances, et ledit Enjosef requiert lesdits témoins soussignés à attester cette transmission. Les témoins, ledit Enjosef, les dites dames Reyna et Tolosana se transportèrent auxdits immeubles vendus, et là ledit Enjosef prononça la formule de transmission consacrée: «Allez et prenez possession et propriété de toutes ces maisons, cours, caves, greniers et tois.» Et les dames Reyna et Tolosana ouvrirent la serrure et la porte desdites maisons et en prirent possession.

Fait en notre présence à Girone le mois de marhesvan 5113 (9 octobre, à 7 novembre 1352). En foi de quoi la présente pièce a été signée par nous Moîse fils de Juda fils de Moïse; Juda fils de Salomon.

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IV

Girone 1352


Nous témoins soussignés attestons que dame Joyes (imagen) et son mari Niçac Bonastrug nous ont requis d'attester en faveur de Ensaltiel Gracian34 et d'Ensalomon Içac Bondavid, qui font partie des préposés à l'impôt de la communauté juive de Girone35, que les requérants ont fait donation auxdits Ensaltiel Gracian et Ensaltiel Içac, agissant aux nom et place de la communauté juive, de la maison et dépendances que possédait Enbonet Bonastrug, à Girone, dans la rue des Juifs et dont voici les limites: à l'est et au sud, la maison des héritiers de Nastrug Momet; au nord, la rue (ou place) publique des Chrétiens; à l'ouest, la rue (on place) publique de ladite rue des Juifs; lesdits requérants et chacun d'eux en particulier font donation de ces maisons à la communauté juive et s'engagent envers Ensaltiel et Ensalomon, agissant au nom de la communauté, à rembourser tout ce qu'ils pourraient être obligés de dépenser a des réclamants chrétiens of juifs devant un tribunal juif ou chrétien, par suite d'nue donation, ou vente, ou hypothèque ou mise en gage de ladite maison par les donateurs en faveur de qui que ce soit; mais les donateurs n'acceptent pas des responsabilité générale, en dehors de celle qui vient d'être spécifiée, au sujet de leur don; et pour la responsabilité acceptée par eux, ils donnet en hypothèque tous leurs immeubles présents ou à venir solidairement et chacun d'eux isolément, et la communauté petit à son choix réclamer l'exécution de cette garantie de tous les deux ou de celui des deux qu'elle voudra, comme s'il était seul responsable.

Fait à Castejon d'Ampurias36, au mois de marhesvan. 5113   —54→   (10 octobre a 7 novembre 1352). Signé: Isaac fils de Salomon, Hiskiyyah fils de Juda.

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V

Girone 1352


Les témoins soussignés attestent que Ennahman Hallévi et Ensaltil Gracian. et Ensalomon Içac et Nastruc Lobel Gracian, préposés de la communauté juive de cette ville, plus Enbonjuda Crescas37   —55→   ont déclaré que Ensalomon Ravaya et Enjosef Içac38 et Nabram Astrug et Enhasdaï Salomon39en Enbonet (?) Bellshom et En [ ] et Nabram Içac40 et Enmomet Astrug et Enbellshom Falco et Niçac Josef et Enbonastrug41 Desmestre et Ensalomon Astrug et Nastrug Esmies et Enhonan Siran (?) et Envida [l ] et Nesmies Bonjuda, qui font partie de la commision (imagen) des 26 personnes chargées des affaires de la communauté juive en vertu du mandat qui leur a été donné par le roi notre maître, ont vendu à dame Reyna, veuve d'Encaravida Ravaya, et à leur fille dame Tolosana, femme de Niçac Desmestre, une maison et dépendances sises dans la rue des Juifs de cette ville et que la communauté juive avait achetées en partie de daine Dolsa, veuve d'Enjosef Vidal, qui avait demeuré a Vich42, et acquis en partie en échange de ce que devait à la communauté Enbonet Bonastrug, fils de ladite dame Dolsa, pour contributions aux impôts et tailles de la communauté, acquisition faite par Saltil Gracian et Salomon Içac, agissant au nom de la communauté. et inscrite dans les livres d'En Jacme Compte (ou Comte)43, écrivain de cette ville44, le 27 juillet de l'année dernière; les limites de cette maison sont: à [l'est] et au sud, les maison et cours des ayants-droit de Nastrug Momet; au nord, la rue publique des Chrétiens; à l'ouest, la rue publique du quartier des Juifs. Et nous, membre de ladite commission des vingt-six et moi Bonjuda Crescas avons reçu de dame Reyna et de dame Tolosana, 1240 sous de Bar[celone] pour prix de ces maison et dépendances; en échange de quoi nous leur avons cédé ladite maison avec les garanties d'usage et avec l'engagement de rembourser   —56→   toutes les pertes et dépenses que pourraient leur causer des réclamations quelconques contre leur titre de propriété portées soit devant un tribunal juif ou chrétien soit par un Juif ou un chrétien, soit que la dépense ait lieu devant la cour du imagen (terz)45, soit pour payer le juge chrétien, soit d'autres juges, soit pour le salaire des secrétaires des juges ou celui des employés de la cour ou des employés du bêt-din (tribunal juif), soit pour les honoraires des avocats, soit pour tout autre objet, soit qu'ils perdent ou gagnent leur procès, le tout sans aucun manque (imagen), et promettons de ne pas opposer aux acquéreurs, pour nous soustraire à cette obligation, qu'en soutenant le procès contre le réclamant, ils se sont trompés dans leurs allégations ou n'ont pas produit les bonnes allégations, ou n'ont pas plaidé devant le tribunal compétent, ou n'ont pas pris un bon avocat; mais dès à présent nous acceptons comme bons juges les juges acceptés par lesdites N' Reyna et N'Tolosana ou par leurs ayants-droit et toutes les allégations qu'elles produiront contre le réclamant et celles de l'avocat qu'elles prendront. Et nous tous solidairement et chacun de nous en particulier et pour le tout engageons en garantie tous nos inmeubles présents et à venir. Et quoique nous nous soyons déjà engagés en garantie de cette vente par acte dressé le 3 octobre de cette année par En Jacme Compte, secrétaire de la ville, nous avons, pour plus de garantie, signé encore l'acte présent. Et cette vente a été faite par Ennahman et Ensaltil et Ensalomon Içac et Nastrug Lobel et Enbo[ ] Ravaya (?) et Enjosef Içac et Nabram Astrug et Enhasdaï et Enbonet (?) et Enmosché Ravaya et Nabram Içac et Enmomet et Enbellshom et Niçac Josef et Enbonastrug et Ensalomon [ ] et Enhonan et Envidal Lobel et Nesmies susdits46 auxdites N'Reyna et N'Tolosana à Gérone le 1er jour de mar[hesvan] 5113 (10 octobre 1352). Signé: Moïse fils de Juda fils de Moïse; Méir fils de Moïse fils de Juda fils de Netanel.

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ISIDORE LOEB.

Paris, décembre 188447.