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Parti pris idéologique et perversion de l'Histoire dans le roman clérical et anti-clérical du XIXe siècle

Solange Hibbs-Lissorgues

Sylvie Baulo (coaut.)





Deux romans vont faire l'objet de cette présentation: deux romans dans lesquels l'irrespect de l'Histoire ou plutôt son détournement sont manifestes. Il s'agit d'une part de María o la hija de un jornalero de l'écrivain progressiste Ayguals de Izco et de El Antecristo du romancier catholique Francisco Navarro Villoslada. Ces deux œuvres publiées en 1845 ont une intention historique et, comme le déclarent leurs auteurs, ils se proposent d'utiliser l'histoire récente afin d'éclairer et d'instruire utilement les lecteurs.

Dans le cas de María o la hija de un jornalero, les événements se situent dans la période qui va de 1834 à 1837: exactions anticléricales contre les couvents, troubles politiques et religieux qui agitent les gouvernements de Istúriz et de Mendizábal. Le choix des épisodes permet la désignation des ennemis qui, dans ce cas précis, sont les religieux, les carlistes et les modérés. Le roman fait également référence au danger que représenterait le mariage de la reine Isabel II avec le prétendant carliste, le Comte de Montemolín. En ce qui concerne El Antecristo, l'histoire est strictement contemporaine puisque dans le prologue publié en novembre 1845, date anniversaire de la reine Isabel II, Navarro Villoslada déclare que cette œuvre de circonstance est destinée à évoquer la grave conjoncture politico-religieuse de 1844: la discussion de la Constitution de 1845 qui cristallise les tensions entre monárquicos constitucionales et puritanos, la restitution des biens de l'Église et surtout le projet de mariage d'Isabel II, objet de multiples tractations et pressions aussi bien en Espagne qu'à l'étranger.

Conscients de l'impact social du roman, Ayguals et Navarro Villoslada récupèrent un genre «à la mode» et prétendent enseñar deleitando. Il peut être intéressant de remarquer que dans l'un comme l'autre des romans étudiés, la source d'inspiration est l'œuvre d'Eugène Sue; les répliques sont évidemment de signe idéologique opposé. Bien qu'inscrits dans une temporalité différente, ces deux romans ont un même fonctionnement, conditionné par leur dimension idéologique: un référent historique réduit à sa plus simple expression qui sert de caution à la fiction. Le choix des événements est dicté par la finalité exemplaire du récit. Dans les deux cas, la thèse annule la dynamique historique et les événements ne servent que s'ils ont la consistance d'images d'Épinal. Si le contenu idéologique diffère, les procédés narratifs sont très semblables: simplification réductrice des forces qui s'affrontent, multiplicité et dispersion des événements, intégration.de matériaux hétérogènes qui tiennent à la fois du tableau de mœurs, du roman d'aventure et du roman gothique.


«El Antecristo» de Navarro Villoslada: un difficile compromis entre écriture romanesque, reconstitution de l'Histoire et discours idéologique

L'écrivain traditionaliste Francisco Navarro Villoslada commence à aiguiser sa plume en écrivant un roman qu'il peut être difficile de caractériser d'historique mais qui se veut, en tout état de cause, une réplique «orthodoxe» de la production romanesque en vogue à son époque. El Antecristo est un exemple de récupération dans lequel l'auteur reprend à son compte des stratégies romanesques du roman anticlérical et de ce qu'il appelle «la novela de costumbres modernas».

Publié en 1845, d'abord sous la forme d'un feuilleton dans le journal El Español avant d'être diffusé sous forme de livre par l'éditeur du même périodique à Madrid, El Antecristo était destiné à réfuter les idées révolutionnaires et socialistes du célèbre feuilleton d'Eugène Sue, Le juif errant.

La mode effrénée du feuilleton est considérée comme un fléau par les écrivains catholiques et l'Église qui voient dans la pénétration et le succès de ce genre une des causes majeures de l'abandon par les lecteurs, croyants ou pas, des «saines lectures»1. Par conséquent Navarro Villoslada ne cache pas dans le prologue de ce roman inachevé son souhait de mettre ses talents d'écrivain catholique au service de la bonne cause. Cet opportunisme littéraire qui consiste à produire des «œuvres de circonstance» n'est certainement pas une garantie de qualité, reconnaît Villoslada, mais «el autor debe principalmente procurar ser útil a sus hermanos, escribir para ellos, y no encerrarse como la oruga en el capullo del aislamiento y de la inoportunidad» (Villoslada, 1845, p. 7).

Journaliste aguerri et polémiste engagé dans les querelles et débats politico-religieux de son époque, Villoslada réclame donc pour le romancier le droit d'utiliser son art comme une arme idéologique. Il est conscient comme beaucoup de ses contemporains catholiques de l'indéniable pouvoir social du roman et affirme vouloir évoquer dans El Antecristo les problèmes les plus graves débattus dans l'Espagne de son époque, à savoir «la cuestión religiosa, la cuestión social y la cuestión política» (ibid., p. 5).

Ce romancier affiche sa volonté délibérée d'utiliser l'Histoire comme le font d'autres écrivains catholiques afin de lutter contre le scepticisme religieux, le libéralisme et le socialisme. Il s'agit «de poner en ridículo la secta y la sociedad de los comunistas», d'affirmer la supériorité du catholicisme «favorable y preferible en religión para las clases menesterosas» (Induráin, 1995, p. 130).

Ce qui nous intéresse dans ce roman est que l'engagement social revendiqué par Navarro Villoslada l'amène à réutiliser les techniques romanesques du feuilleton et du genre pseudo-historique d'écrivains mis à l'index comme Dumas, Sue ou Ayguals de Izco, afin de produire une œuvre dont l'intention est profondément édifiante. Au même titre que d'autres contre-romans catholiques comme Los misterios de Barcelona (1844) de José Nicasio Milà de la Roca ou Misterio de las sectas secretas o el francmasón proscrito (1847) de José Mariano Riera, El Antecristo s'inscrit dans le courant d'une littérature contre-révolutionnaire qui se prolonge jusqu'à la fin du siècle.

Dans El Antecristo, Navarro Villoslada récupère certains des ingrédients propres à ce type de littérature: dénonciation d'une contre-révolution, conspiration universelle contre le catholicisme, anathème contre les principes corrosifs de 1789, retournements de situations, retrouvailles imprévues, occultations d'identité, documents secrets, personnages itinérants dont les errances reflètent le climat d'insécurité morale et religieuse.




Manipulation et détournement de l'Histoire

Ce roman, qui prétend appartenir au genre historique, illustre la difficulté de son auteur à résoudre de façon vraisemblable l'articulation entre l'explication historique et la fiction. Comme dans toute la production romanesque édifiante à prétention historique, l'histoire est exemplaire et la finalité didactique dicte le choix des événements, des hommes qui méritent d'être retenus.


Le référent historique: un prétexte pour assurer la cohérence idéologique

Dans ce cas précis, le cadre historique très succinct fait référence à la nouvelle constitution de 1845 et aux tractations entre différents secteurs politiques concernant le mariage d'Isabel II. Pendant le gouvernement de Narváez et de la Regente Maria Cristina, plusieurs tentatives sont mises en place suite à l'abdication de Don Carlos pour régler le problème dynastique et faire aboutir un mariage entre Isabel II et le Comte de Montemolín, Carlos VI.

Ce projet de mariage, défendu par Balmes dans les années 1840, devait permettre de réconcilier les carlistes et les «modérés», d'agglutiner toutes les composantes politiques antirévolutionnaires. Après de longues tractations qui remontaient à 1832 et se poursuivirent en 1836 et 1841 sous les gouvernements libéraux de Mendizábal, Calatrava et Espartero, l'alliance envisagée entre les carlistes et le secteur du «moderantismo» conservateur échoua. En 1845, les «modérés» se méfient de tout accord avec les carlistes qui ne soit pas une reconnaissance explicite de la reine Isabel II et celle-ci finit par épouser Francisco de Asís, Duc de Cadix, en octobre 1846.

Au moment de la rédaction du roman, la question du mariage de la reine occupe tous les esprits, suscite maintes intrigues politiques. Navarro Villoslada dénonce l'ingérence de puissances étrangères dans les affaires politiques de l'Espagne2. Il s'agit d'un roman de circonstances et historique dans la mesure où le récit reflète les inquiétudes contemporaines de l'auteur et l'atmosphère politique et religieuse du moment. Sauf la brève apparition d'Isabel II dans les premiers chapitres, les autres personnages incarnent des types et servent de support à l'intention moralisante de la narration.

Les principaux personnages appartiennent à une humble et modeste famille dont le père, Enrique, est un honnête travailleur chrétien qui confie son sort à la providence divine. Les trois enfants de cette famille, María, Dolores et Antonio, sont les victimes malheureuses du destin: María, en réalité la demi-sœur de Dolores et Antonio, suscite l'amour irrépressible d'Ezequiel Widergott, puissant banquier juif dont les attentions entraînent malheurs et ruine pour la famille. María se fait enlever par un prince héritier allemand dont la présence en Espagne est l'aboutissement d'un complot des puissances étrangères pour éviter le mariage d'Isabel II avec Carlos VI. Ce rapt, dont le lecteur ne connaîtra pas les conséquences puisque le roman est inachevé, représente une des nombreuses machinations ourdies par les forces occultes et sataniques que symbolisent les juifs, Ezequiel Widergott et Adalberto Rosemberg, son secrétaire et complice. Widergott utilise un prince allemand, Guillermo, afin de mener à bien ses ambitions politiques et de renforcer la dépendance financière de certains secteurs de la noblesse et de la bourgeoisie espagnoles à son égard3.




Les ennemis et la théorie du complot

À travers l'évocation de sectes (protestantes mais surtout juives), Villoslada dénonce les ennemis de l'Espagne catholique. En toile de fond se profilent les émeutes anticléricales de 1820 et 1835, conséquence de la liberté de pensée et d'expression héritée de la Révolution française. La description appuyée du problème social (exploitation des enfants dans la mine, misère de certaines classes sociales) n'est pas destinée à susciter une véritable réflexion mais à désigner le libéralisme philosophique et politique comme la source de tous les maux.

Villoslada reprend le thème de la conspiration internationale contre l'Espagne et sa séculaire unité religieuse, qui est présent dans la littérature réactionnaire du XVIIIe siècle et dans l'abondante production romanesque contre-révolutionnaire du XIXe siècle. Il concentre sur les personnages les caractéristiques des forces qu'ils incarnent. La mise en scène d'archétypes, l'outrance du trait qui aboutit a la caricature, l'animalisation et la parodie du discours anticlérical sont autant de moyens utilisés par l'auteur afin de susciter adhésion et complicité du lecteur et d'illustrer une thèse.

La finalité de El Antecristo est contenue dans le titre: cet Antéchrist est l'incarnation de l'erreur, de l'apostasie, de l'incrédulité et de l'hérésie sous toutes leurs formes. C'est aussi la représentation d'un personnage satanique, membre d'une secte dont le seul objectif est de détruire l'Église. Cette représentation, qui fonctionne comme le symbole du mal, hante le roman «historique» des années 1845-1860. Dans El Antecristo, l'antithèse simplificatrice et parfois primaire entre les forces du mal et du bien aboutit à une véritable caricature.

Ezequiel Widergott, capable de mystérieuses interventions, d'origine et d'identité inconnues, n'est autre que l'Antéchrist annoncé par Saint Pierre dans la seconde épître aux habitants de Thessalonie. Widergott, dont le nom signifie en allemand «anti-Dieu», est, de surcroît, un banquier juif qui incarne tous les «vices» de la race: usure, perfidie, égoïsme. Il représente l'anticléricalisme et sa description en fait un être situé aux antipodes de la charité chrétienne. Il est une réplique des anticléricaux qui peuplent le Juif errant, et l'outrance de la description rappelle la caricature du juif satanique tel qu'il apparaît dans les romans catholiques des jésuites italiens comme le père Bresciani ou le père Franco:

Duro, insensible y egoísta, D. Ezequiel Widergott, ocupado siempre en amontonar riquezas para satisfacer la ambición que le estaba devorando desde la cuna, se había burlado de los sentimientos más puros del corazón humano.


(Villoslada, 1945, p. 184)                


Grâce à l'usure, l'exploitation des mines de charbon et aux services rendus aux puissants de certaines nations européennes, Widergott dispose d'une richesse extraordinaire:

Era rico, inmensamente rico [...]. Le llueve el dinero como la maná.


(Ibid., pp. 130-131)                


Remarquons au passage que Villoslada consacre plusieurs pages non dénuées de forcé à décrire l'exploitation des enfants dans les mines de charbon, les excès de la société industrielle et l'exploitation d'une classe sociale enrichie dans une Espagne pré-capitaliste. Bien évidemment cette analyse des conséquences négatives de l'exploitation de certaines classes sociales ne débouche pas sur une véritable prise de conscience politique et économique et le seul remède proposé par l'auteur est la charité chrétienne et la résignation.

Comme l'énigmatique juif Eudon dans Amaya o los vascos en el siglo VIII, Widergott occulte sa véritable identité: «D. Ezequiel, residiendo ordinariamente en París o Londres» (ibid., p. 130). L'outrance du trait dans la description est renforcée par des références iconographiques. L'aspect satanique du banquier juif n'est que le reflet de personnages inquiétants et troubles dont les portraits son accrochés dans le bureau de Widergott:

Su frente recta, ancha, espaciosa [...] expresaba una ambición sin límites y un pensamiento siniestro y destructor [...]. Tenía gran cabeza, labios pequeños y delgados donde se anidaban la astucia y la finura [...]. Era, en fin, un conjunto extraño de ambición y de maldad, de sarcasmo y de infortunio que a primera vista espantaba.


(Ibid., p. 131)                


Comme «el judío de antiguos tiempos [...], de mirada falsa, traidora y avariciosa», dont le portrait se trouve dans son cabinet de travail, Widergott est doté d'un pouvoir surnaturel qui lui permet de traverser le temps et les siècles: «Yo también soy joven... pero quizá tengo la experiencia de muchos siglos» (ibid., p. 208). La caricature va jusqu'à l'animalisation. Oiseau de proie, déprédateur, Ezequiel Widergott pervertit et détruit tout ce qui l'entoure:

Presentósele D. Ezequiel armado sobre todo con una mirada mágica, fascinadora, irresistible, y como la paloma no es dueña de moverse cuando el azor clava en ella sus ojos; así Doña Idelfonsa, cuando D. Ezequiel la miraba, ya no podía resistir sus órdenes y mandatos.


(Ibid., p. 83)                


Dans El Antecristo, la figure du juif est un exutoire permettant de dénoncer l'infiltration des idées et des hérésies dangereuses pour l'unité religieuse de l'Espagne. Les discours du banquier juif sont une parodie du discours anticlérical et reflètent le but poursuivi par la conspiration judéo-libérale, c'est-à-dire la destruction du catholicisme, de l'Église et du Vatican:

¡[...] los ministros católicos me van a chupar la sangre! ¡Esta gente de Iglesia tiene un vientre de antropófago! ¡Es un abismo sin fondo!


(Ibid., p. 143)                


[...] hemos emprendido una cruzada del pensamiento nuevo, del pensamiento del siglo contra la autoridad y la rutina.


(Ibid., p. 151)                


L'antisémitisme évident des romans de Navarro Villoslada est présent dans la majeure partie de la production romanesque du XIXe siècle. Les juifs sont les représentants de la race déicide et s'approprient l'espace vital et l'identité d'autres peuples. Ils sont assimilés aux membres des sectes internationales au sein desquelles ils conspirent. L'autre juif présent dans El Antecristo est lui aussi l'archétype du mal et de la perversité. Habile diplomate, négociateur perfide, il est le paradigme de l'orgueil satanique propre à la race juive. Sa description physique répugnante s'oppose à celle d'Enrique, modèle du bon chrétien:

Fisionomía inmóvil, esclava las más veces de su voluntad avara y maligna; su cuerpo ligeramente encorvado era bastante grueso, y las piernas delgadas. Los modales distinguidos de este personaje y el aseo [...] hacían menos repugnante su figura.


(Ibid., p. 157)                


L'organisation extrêmement codifiée de la matière romanesque où confluent la logique morale et la logique du récit s'appuie sur des titres de parties ou chapitres qui fonctionnent comme des repères didactiques. Ainsi la première partie de ce roman intitulée «Favores que matan» fait référence au pouvoir corrupteur de Widergott dont les interventions auprès des gens qui l'entourent, provoquent malheurs et catastrophes diverses. La deuxième partie «La palanca de Arquímedes» décrit les manipulations financières et l'exploitation capitaliste de la secte juive qui cherche à s'emparer du pouvoir politique.

Le parcours moral et historique du roman est étroitement contrôlé et, afin de légitimer la fiction, le romancier n'hésite pas à intervenir directement dans le récit pour s'ériger en historien et confirmer la vraisemblance des faits rapportés. L'opportunisme politique et religieux de ce type de roman explique les constants détournements de l'Histoire qui n'est que prétexte pour développer une thèse. Le succès du Juif errant qui marque un temps fort dans la diffusion massive du feuilleton et du roman historique en Espagne est l'occasion de produire ce que Villoslada appelle un «contrepoison».






María la hija de un jornalero


Présentation du roman


Quelques données générales

La trilogie romanesque de Wenceslao Ayguals de Izco (1801-1873), auteur encore méconnu aujourd'hui, fut publiée entre 1845 et 1855 et la première partie, María la hija de un jornalero -parue en livraisons en 1845-1846- a été qualifiée de best-seller4. Nous nous cantonnerons ici à l'analyse de ce texte pour deux raisons: d'une part, il est emblématique de l'utilisation et de la manipulation du matériau historique dans la trilogie et d'autre part il est contemporain de El Antecristo, roman étudié par Solange Hibbs. Ayguals se présente comme l'antithèse de l'auteur navarrais dans la mesure où, idéologiquement, il appartient à la frange progressiste et républicaine. Cependant, tous deux ont un point commun: ils utilisent leurs écrits romanesques comme le véhicule de leurs choix politiques. Tous deux intègrent dans les romans dont il est question ici la dimension historique mais présentent une réécriture de l'Histoire avec une visée inverse, correspondant à l'idéologie de chacun.




L'histoire oui, mais quelle histoire?

L'introduction de María... constitue un manifesté où l'auteur explicite sa conception des rapports que doivent entretenir histoire et fiction. Il affirme sa volonté de se démarquer de ses contemporains, qu'ils soient espagnols ou français, en particulier d'Eugène Sue5 auquel, néanmoins, cette introduction est adressée. Bien qu'il reconnaisse l'utilité du roman social mêlé au roman de mœurs pour dénoncer les injustices, il ne prétend pas faire la même chose. Cela est manifesté dans l'adoption d'une nouvelle expression (historia-novela) qui définit ce nouveau genre littéraire dont il se dit le créateur et qui suppose l'interdépendance de deux catégories:

En el enlace y el desarrollo de la fábula dramática hemos seguido los principios de la escuela más sublime... la escuela de la naturaleza, la escuela de la verdad. Ni nos hemos dejado alucinar por ciertas monstruosidades de grandes efectos por más que novelistas insignes cuyo nombre acatamos las hayan prohijado, ni hemos querido pisar trilladas veredas. Nos hemos ensayado en crear un nuevo género que puede calificarse de historia-novela...


(M2, p. 381)6                


Selon ses dires, son objectif consiste à inculquer l'histoire en adaptant les moules littéraires étrangers, notamment le roman à la manière de Sue. Dans ce binôme, l'ordre choisi n'est pas innocent: il montre la prééminence de l'une sur l'autre. Le roman, dominant à ce moment-là (Ferraz Martínez, 1992, p. 384), est au service de l'histoire7; conformément à une conception de l'époque, cette dernière «rachète» le genre romanesque dont on se méfie encore énormément. On utilise donc les virtualités du roman et, en particulier, du roman populaire (feuilletons, livraisons) pour intégrer le matériau historique. Bien qu'il prétende faire du nouveau, Ayguals ne fait que reprendre le précepte classique du «plaire et enseigner»8. La portée didactique est donc ce qui légitime l'utilisation du genre romanesque et ce qui conduit le romancier à insister sur l'impérieuse nécessité de préserver l'exactitude des faits.

Yo creo que pudieran muy bien escribirse verdaderas y acabadas novelas, que destellasen por do quiera el interés, toda la poesía, toda la amenidad todos los alicientes de la novela con sólo eslabonar hábilmente la fábula con la realidad siempre instructiva y respetable de manera que la parte de invención no perjudicase a la veracidad de los sucesos.


(M1, introduction)                


Voyons brièvement l'intrigue: celle-ci raconte les amours, de juillet 1834 à mars 1837, d'une jeune fille pauvre mais vertueuse nommée María et de don Luis, un jeune aristocrate bien éduqué, selon l'auteur, puisqu'il est démocrate. Mais ces amours sont contrariées au long des 700 pages du roman par le machiavélisme d'un moine, fray Patricio, qui appartient à une société secrète théocratique, obscurantiste et évidemment rétrograde -selon l'auteur-, la Sociedad del Ángel exterminador9, dont l'objectif est de placer sur le trône d'Espagne le prétendant carliste de manière à contrôler et le monarque et le pays. Le temps de la fiction correspond donc, en partie, au moment de la première guerre carliste; le roman peut ainsi aisément insérer des données historiques10.




Objectivité ou irrespect?

Ayguals se targue d'être un écrivain objectif. Il se défend à plusieurs reprises de toute accusation de partialité et se définit comme «el más escrupuloso historiador» (M2, épilogue, p. 381). Faisant preuve d'une rigueur presque scientifique, il annonce dans chaque préface de la trilogie, la période historique choisie, de sorte que son œuvre apparaît comme une chronique de l'Espagne.

Néanmoins, la prétention d'objectivité est bientôt démentie car s'il est vrai que le roman sert l'histoire, il n'en reste pas moins que celle-ci est au service d'une démonstration idéologique, républicaine, démocratique. Cela suppose donc qu'elle soit «irrespectueuse». Il y a irrespect car l'histoire est manipulée pour montrer la validité des thèses défendues; de là, que le récit des événements historiques cède souvent le pas à des attaques impertinentes à l'encontre des gouvernants. Ainsi, alors qu'est décrit le massacre du 17 juillet 1834 perpétré contre des moines accusés d'avoir empoisonné l'eau des fontaines et propagé de la sorte le choléra dans Madrid, la conclusion est la suivante:

Huyamos, pues, de las escenas degradantes promovidas por asesinos, ayudadas por la más cruel de las calamidades, y toleradas por un gobierno imbécil y culpable y pasemos a describir otros rasgos de heroica virtud, que hacen ver la diferencia que va de la turba de holgazanes que se dedica al pillaje y al homicidio, a esas masas del verdadero pueblo, siempre honradas, siempre virtuosas, siempre liberales, siempre amigas del trabajo, y... siempre pobres y tiranizadas.


(M1, I, III, p. 60)                


Nous reviendrons plus loin sur les insultes adressées aux gouvernants; relevons pour l'instant cette série anaphorique d'équivalences, proche de la formule, avec un effet de slogan, qui se politise graduellement, de sorte qu'il est manifeste que l'énonciateur utilise le récit de l'événement historique pour souligner l'exercice despotique du pouvoir et le sort inacceptable des malheureux.






L'Histoire, objet de manipulation


Les ennemis

Conformément à ses idées progressistes, Ayguals montre du doigt les moines, les modérés et les carlistes. L'attaque se structure de deux façons, l'une visible, l'autre voilée.

La manière la plus évidente pour exprimer sa haine, son mépris a l'égard de ces groupes consiste à utiliser des armes qui appartiennent à un arsenal courant. L'ouverture du texte contient une prise de position évidente puisque les moines sont définis en fonction d'une référence biblique «langosta destructora» ou a partir d'une animalisation «aquellos avechuchos con faldas» (M1, prologue, p. 9).

Pour démontrer sa théorie sur les moines, il choisit un personnage de fiction emblématique du comportement des religieux dont il concentre tous les vices, tous les péchés. Le portrait de fray Patricio se construit également autour de l'animalisation; l'outrance du trait donne lieu à une caricature à laquelle s'ajoutent une touche de grotesque, due au prosaïsme des comparaisons, ainsi qu'une dose d'ironie:

El conjunto de su rostro era grande, redondo y extremadamente encarnado, particularmente la punta de la nariz que parecía un pequeño tomate maduro. En una palabra, aunque su facha era la más estrambótica del convento, era el santo varón lujurioso como un mico, osado si los hay, presumido, hipócrita como los más de los frailes; y seguramente a fuerza de disciplina, manteníase frescote y rollizo como otros muchos siervos del Señor.


(M1, prologue, p. 14)                


Un autre moyen évident est l'insulte voire l'outrage adressés aux différents chefs des gouvernement modérés de l'époque, témoignage de l'impertinence et l'irrévérence de l'auteur. Le gouvernement de Martínez de la Rosa, jamais nommé et toujours désigné par l'expression «el hombre funesto»11, est défini comme «imbécil y culpable», celui du Conde de Toreno est qualifié de «orgulloso e inepto» et enfin Istúriz et Alcalá Galiano (15/05/1836-13/08/36) ne sont que des «audaces ministros» et une «pandilla ministerial».

Les jugements de l'auteur sont également visibles dans les changements typographiques puisque quelques phrases ou expressions apparaissent en majuscules et/ou en italique. L'unité typographique est donc brisée, la lecture «perturbée» et l'attention du lecteur se porte sur ces attaques ainsi mises en relief:

LOS FRAILES PUES NO SON COMPATIBLES CON LA CIVILIZACIÓN Y LA LIBERTAD DE LOS PUEBLOS

Don Alcalá Galiano se convirtió como Istúriz, varió de principios y fue nombrado ministro de Marina.


(M1, II, X, p. 223)12                


L'utilisation particulière des points d'exclamation, des points de suspension -définis comme des variantes affectives du point (Dupriez, 1984) et comme des marques d'énonciation fortes- révèle clairement, «visiblement» l'indignation, la colère de l'auteur:

Fray Patricio... ¡miren qué lerdo!... era más aficionado a las avecillas tiernas que al jamón rancio.


(M1, prólogo, p. 12)                


Manifestement il s'agit là de la partie visible et traditionnelle de l'attaque. Mais, si l'on analyse de plus près le référent historique présent dans le texte romanesque, on remarque un autre irrespect, celui qui consiste à manipuler les événements historiques et à leur donner une signification bien précise.




La sélection des événements historiques

Les faits relatés sont en nombre réduit et, bien que le roman embrasse une période de trois ans, les événements rapportés ne concernent que les époques où les modérés sont au pouvoir:

  • Gouvernement de Martínez de la Rosa (1834-13/06/1835)
    • le massacre des moines (17/07/1834)
    • le soulèvement libéral de Cayetano Cardero (18/01/1835)
  • Gouvernement du Conde de Toreno (13/16/1835-14/09/1835)
    • le soulèvement libéral (15/08/35)
  • Gouvernement d'Istúriz (15/05/1836-13/08/1836)
    • le soulèvement libéral (05/08/36)
    • le soulèvement des sergents de la Granja (12/08/36)

C'est ainsi que la période de gouvernement du progressiste Mendizábal (septembre 1835-mai 1836) est à peine évoquée et, alors que l'intrigue de María... se prolonge jusqu'en mars 1837, les références historiques s'arrêtent avec le dernier soulèvement cité plus haut13.

Cette sélection, chez un auteur dont l'objectif est de faire la chronique détaillée d'une époque, peut semble curieuse à première vue. Mais il n'en est rien car la stratégie de l'auteur est de montrer, par le biais des événements choisis, l'incompétence des gouvernements modérés, leur responsabilité dans les troubles de l'ordre public et enfin le rôle déterminant du peuple progressiste puisque les différents soulèvements ne sont que l'exercice de la souveraineté nationale.

Reste enfin la finalité première dans la sélection de ces épisodes, montrer l'existence d'un complot organisé par les moines carlistes. Selon cette théorie, se structure un système interprétatif de la période qui détermine la réécriture de l'histoire. La réécriture du passé est irrespectueuse puisqu'elle se présente comme la démonstration d'un postulat, celui de l'existence d'un complot, sur lequel histoire et fiction reposent. Les épisodes historiques servent donc à défendre une thèse et sont présentés comme des exemples probants (Ferraz Martínez, 1992, p. 389).




La théorie du complot

Le complot organisé par la Société de l'Ange Exterminateur tendrait, selon Ayguals, à la destruction de l'ordre social pour provoquer une révolution qui laisserait la voie libre aux partisans de don Carlos et leur permettrait de diriger le pays.

S'il est vrai que les gouvernements de Martínez de la Rosa et du Conde de Toreno sont seulement victimes d'une incompétence qui sert les intérêts de la société secrète, il n'en va de même pour Istúriz et Alcalá Galiano: non seulement ce gouvernement est incompétent, réactionnaire et despotique, mais il agit aussi en véritable traître. Ayguals évoque de tractations destinées à faire triompher don Carlos:

Mientras las provincias se insurreccionaban todas contra el despótico, orgulloso e inepto ministerio que presidía Toreno, mientras la nación se alzaba contra el Estatuto real, mientras la justa indignación de los pueblos y la terquedad del poder daban cima a escándalos inauditos, en una palabra, mientras la espantosa anarquía reinaba entre los liberales; los carlistas hábilmente auxiliados por la poderosa sociedad del Ángel exterminador, envalentonábanse con sus triunfos [...]. Un ministerio de tan degradante origen no podía ser duradero. Emprendió la marcha antiliberal y retrógrada que hubiera tal vez terminado en una transacción vergonzosa con Don Carlos, fraguada en el club del Ángel exterminador, a no ser el heroísmo de un sargento...


(M1, p. 109/p. 223)                


Mais, tous les ministères et tous les lieux de décision sont noyautés par la Société de l'Ange Exterminateur de sorte qu'Istúriz et Alcalá Galiano ne sont en fait que «el vil juguete, el instrumento infernal del Ángel Exterminador» (M2, VII, III, p. 228). De la même manière, cette société infiltre les groupes d'opposants libéraux et les incite à se soulever pour provoquer le chaos: de là, la sélection des soulèvements libéraux. L'influence de la société est immense parce qu'elle dépasse les limites du pays:

En Madrid estaba el foco de todas las maquinaciones carlistas; la corte, en las dependencias del gobierno, en las oficinas de las autoridades, en el ministerio y hasta en Palacio mismo tenía agentes activos y vigilantes la sociedad del Ángel exterminador.

Esta sociedad que representaba al partido absolutista y clerical de toda Europa recibía inmensos recursos de todas partes, e instrucciones directas de Roma [...].


(M1, I, XI, p. 110)14                


L'histoire est donc réinterprétée à partir d'un postulat anticlérical et progressiste. Ayguals évoque ainsi l'histoire immédiate mais il évoque aussi et surtout son temps, le temps de l'écriture. Il y a donc une double lecture du texte que nous allons maintenant montrer.






Relecture du temps présent


Les modérés de 1845-1846

Ayguals, dans l'ensemble de sa trilogie, se présente comme un critique de son temps puisque des liens entre l'époque de la fiction et celle de l'écriture peuvent être établis. Relevons quelques dates qui permettent d'établir l'existence d'une double lecture du texte.

Alors que l'introduction de M1 est datée du premier janvier 1845 l'épilogue de M2 porte la mention du 19 septembre 1846. Cette année correspond à la période durant laquelle les livraisons ont été vendues et où se sont succédés les gouvernements modérés de Narváez, de Miraflores et enfin d'Istúriz.

La publication des livraisons du premier volume de María... (de novembre 1845 à mai 1846) correspond en grande partie à l'époque du gouvernement Narváez (1 mai 1844 à 12 février 1846; 16mars l846 à avril 1846). À partir de cette observation, comment ne pas penser que la description des années 1834-1835 avec des considérations au présent de l'indicatif sert de paravent aux attaques adressées a l'encontre de ce général. Par exemple, l'évocation du massacre des moines 17 juillet 1834) donne lieu à des accusations de cette nature:

Corramos un velo sobre escenas tan degradantes, que sólo ocurrieron, volvemos a repetir, porque en España, el gobierno rara vez gobierna... En España se aspira con frecuencia a la silla ministerial para tiranizar a la nación, para venderla al extranjero, para enriquecerse a todo trance.


(M1, I, IV, p. 60)                


La colère de l'auteur le conduit à annoncer, tel un prophète, la fin prochaine des abus du pouvoir:

Pero todo tiene sus límites, y acaso no está lejos el día de la expiación.


(M1, I, III, p. 50)                


Évoquer des événements vieux de dix ans est une stratégie pour camoufler une attaque frontale. Mais comment ne pas voir dans cette référence à un général, la silhouette de Narváez:

Mientras se vierte su sangre [la del valiente soldado] arrostrando mil peligros con bizarría, olvídanse sus glorias, sus privaciones, su constancia, su denuedo, su heroísmo... se le condena tal vez la hambre... a la desnudez!!!, y a un general que acaso no tiene más méritos que el torpe ejercicio de la adulación o de la intriga, se le colma de honores y de riquezas!!!...


(M1, I, I, pp. 29-30)                


Néanmoins, Narváez n'est pas la seule cible de Ayguals. Les attaques voilées s'adressent aussi à Istúriz avec plus d'insistance encore. Sur les sept parties qui composent María, six couvrent l'année 1836 et le début de 1837. Dans l'année 1836, les mois qui sont particulièrement mis en évidence s'étendent de la chute de Mendizábal (15 mai 1836) jusqu'à la rébellion de la Granja (13 Août) c'est-à-dire ceux qui correspondent au gouvernement Istúriz. Cette date est significative lorsqu'elle est mise en rapport avec le moment de l'écriture puisque Istúriz est de nouveau au pouvoir entre avril 1846 et janvier 1847. Cela signifie que M2 très critique à l'égard du Istúriz de 1836 est publiée au moment même où ce dernier est de nouveau aux commandes du pays.

Ces correspondances semblent confirmer le fait que les critiques adressées au gouvernement Istúriz de 1836 sont transposables au moment de la publication du roman. Les accusations à l'encontre du gouvernement de 1836 valent encore pour celui de 1845-1846: le gouvernement fait preuve d'un despotisme qui annihile le principe de la souveraineté nationale (M2, VI, V, p. 201) et d'une indifférence bienveillante à l'égard des carlistes.




Retour du danger carliste et nouveau complot

Le gouvernement Istúriz de 1836 est responsable de l'avancée des troupes carlistes situation; or la situation est semblable dix ans plus tard. En effet, les décisions des gouvernants engendrent l'anarchie, laquelle permet aux projets et au nouveau complot carlistes de prendre corps. En effet, les modérés mettent la patrie en danger puisque les tractations, en 1845-1846, en faveur du mariage de Isabel II et du comte de Montemolín, fils de don Carlos, sont -selon Ayguals- sur le point d'aboutir. Le danger semble d'autant plus grand que la Société de l'Ange Exterminateur n'a pas disparu et agit selon la méthode utilisée dix ans auparavant. Le récit de l'épisode de Cayetano Cardero permet, tout en proposant un nouvel éclairage de cet événement, de passer au temps présent et de révéler la menace qui pèse sur l'Espagne:

Pero si alguno cree que nuestra revelación es una ficción meramente fabulosa para dar interés a nuestra novela, dígasenos ¿qué objeto tenía la insurrección de la Casa de Correos y otras que no han producido más que víctimas? El Ángel Exterminador ha existido y existe acaso más envalentonado que nunca.


(M1, I, IX, p. 105) [C'est nous qui soulignons]                


Aspiran por este medio los exterminadores al enlace de doña Isabel II con el conde de farsa Montemolín, y como este matrimonio no puede efectuarse sin desquiciarlo todo y sembrar en el país horribles semillas de sangrientas discordias, de abominables venganzas, de ignorancia, degradación e infortunios sin término, lo advertimos a quien competa respetar la siempre inteligente y soberana voluntad.


(M2, VI, V, p. 202)                


Le second tome de La marquesa de Bellaflor (1847) évoquera l'échec de ce projet qu'avait clairement défendu J. Balmes en El Pensamiento de la Nación puisque le choix parmi les prétendants se porta sur don Francisco de Asís.

Ayguals, parce qu'il accuse et appelle à la rébellion contre les tyrans, a une conscience claire du danger et de la menace qu'il peut représenter pour les dirigeants:

¿Cómo pues no ha de carecer mi obra de enemigos poderosos y de implacables censores, cuando a fuer de historiador imparcial he tenido que presentar también en la escena política a cuantos farsantes han representado odiosos papeles? En medio del encono de las pasiones, ha sido mi enojosa tarea herir a los orgullosos en su fibra más delicada, y esto sabía yo muy bien que jamás se perdonaría.


(B2, p. 620)                


Néanmoins, ce ne sont pas les gouvernements modérés qui censureront son œuvre. Selon, le proverbe qui veut que l'on ne soit trahi que par les siens, ce sont les dirigeants de la Vicalvarada (1854) qui interdiront son œuvre, et même fermeront pendant quelques années sa maison d'édition, ce qui signifiera le début du déclin de l'entreprise commerciale et littéraire de Ayguals.












Conclusion

Dans le cas de ces deux romans, l'on peut parler de «collage» idéologique où se mêlent digressions morales, anathèmes, invectives, ingrédients propres au feuilleton... Le romancier prisonnier des pesanteurs du discours idéologique est avant tout un producteur de «vérité». Il ne peut apparaître comme un créateur mais comme un intermédiaire entre un public qu'il convient d'instruire et une vérité préexistante qu'il faut transmettre. L'écriture romanesque et le discours de l'historien sont au service de l'idéologie et c'est ce qui explique la convergence thématique et linguistique de deux discours à fonctionnalité différente.




Bibliographie

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