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Vulnérabilité féminine et corps occulté dans la littérature édifiante du XIXe siècle

Solange Hibbs-Lissorgues





Au cours du XIXe siècle, les progrès de la médecine et de l'hygiène commencent à préciser l'image d'un corps jusque là floue et fragmentée. Néanmoins médecins, anthropologues et philosophes continuent à se préoccuper des rapports entre le moral et le physique et bien souvent, l'hygiène est aussi considérée comme la vraie morale, celle qui protège à la fois le corps contre les maladies et l'âme contre les vices. On peut constater, malgré l'intérêt grandissant pour des sciences comme la physiologie, la pathologie ou la phrénologie, la persistance d'une culture des passions morales et le dessein souvent moralisateur de l'abondante production de la littérature de vulgarisation médicale. La divulgation de ce type de littérature sera largement mise à profit par certains moralistes, philosophes et écrivains pour proscrire des pratiques culturelles et sociales considérées dangereuses pour le corps et pour l'esprit. La confusion entre morale et pathologie et la perméabilité des discours médicaux, philosophiques et littéraires expliquent les stratégies d'occultation du corps et de ses maux dans la production romanesque édifiante de cette époque.

Dans une abondante production imprimée (manuels de savoir-vivre, traités d'hygiène et de vulgarisation médicale, romans) s'élabore un discours moral, philosophique, scientifique sur la différence des sexes, la dualité du corps et de l'esprit, l'affectivité et la sexualité. Des structures anciennes entre l'homme et le monde se brisent et malgré la très grande rigidité des représentations de la femme au XIXe siècle, l'ébranlement est réel (Fraisse, 1991, p. 58).

La femme devient un formidable enjeu que se disputent la société civile et la société religieuse. Cette exaltation des femmes n'est pas seulement due à des influences religieuses. Malgré la dégradation de la situation de l'ouvrière, de la travailleuse des villes en général, la famille acquiert une importance grandissante surtout dans les classes montantes comme la bourgeoisie (Cholvy, 1990, p. 177). L'époque est en effet sensible à une certaine sacralisation du «sexe faible». Dès les premières décennies du siècle se propage en Europe un modèle de l'idéal féminin qui valorise les ressources civilisatrices et les possibilités de conversion des femmes.

Le progrès des sciences qui cherchent à cerner les aspects les plus immédiatement «physiologiques» de la nature féminine, la diffusion d'une idéologie libérale qui revendique une plus juste reconnaissance des droits de la femme sont autant de poussées qui bousculent les images et représentations solidement établies.

L'irruption des femmes dans le monde du travail est un phénomène social dont la conséquence la plus immédiate est la multiplication des lieux et des circonstances à risque. La sociabilité mixte dans les lieux publics, la promiscuité favorisée par les villes sont autant de dangers qui, aux yeux des catholiques, menacent la cellule familiale et la cohésion sociale. La littérature édifiante en général et plus spécifiquement celle qui est destinée à un public féminin, tente de conjurer ces nouvelles menaces et d'inculquer une véritable pédagogie de la foi.

Le roman devient donc un des vecteurs incontournables des règles et codes imposés au sexe féminin: degrés de passion, de sacrifice, de sentimentalité, de disposition à l'amour maternel et conjugal... Cela débouche, la plupart du temps, sur une production romanesque aseptique dans laquelle la perception réaliste des choses est toujours occultée par les obscurités d'un discours qui sous-entend sans jamais nommer.

Par ailleurs, à une époque où l'éducation féminine devenait un sujet de préoccupation, il était intéressant pour l'Église de proposer des normes et des prescriptions morales dont la légitimité était renforcée par tout un courant scientiste. L'infériorité supposée des femmes justifiait qu'on la traitât comme un enfant et que l'on mit en place de véritables guides d'hygiène physique et mentale.

Remarquons que l'Église, très soucieuse de lutter contre ce qu'elle incrimine comme étant la science positiviste, fait un réel effort d'adaptation à partir des années 1840 pour diffuser une littérature scientifique en accord avec la doctrine chrétienne. En Espagne, de nombreuses revues catholiques traitant de médecine et de science sont encouragées. De plus en plus d'ouvrages traitant de l'éducation des femmes et des enfants font une place honorable aux théories médicales et psychologiques proposées par des hommes de sciences «orthodoxes». Citons des revues comme El Sentido Católico en las Ciencias Médicas (1882), rédigée par «varios doctos profesores en medicina y farmacia», et La Ciencia médico-escolástica, revista especulativa y práctica de medicina, farmacia y ciencias naturales, publiée à Barcelone à partir de 1889.

Dans la culture catholique de l'époque, l'exaltation d'une spiritualité féminine conférant aux femmes un rayonnement plus intense tant au niveau de la formation religieuse que de la correction morale s'inscrit dans une stratégie particulière. C'est un véritable contre-discours qui se met en place et dans lequel sont récupérés et neutralisés des concepts comme émancipation, égalité des droits. La physiologie, les sentiments et les capacités intellectuelles des femmes sont abordés dans une perspective morale et religieuse; les «égarements» des passions et les «dérèglements» du cœur sont envisagés comme des «pathologies» spécifiquement féminines. Médecine de l'âme et médecine du corps s'appuient sur un vaste corpus d'écrits qui reflètent une culture des passions, à la fois morale et médicale.


Imagination et rêverie: deux ennemis du «sexe faible»

L'imaginaire de la femme est considéré en termes pathologiques par l'Église qui n'hésite pas à puiser ses arguments dans le domaine de la médecine et de la phrénologie.

Antolín López Peláez détaille dans son ouvrage connu, Los daños del libro (1905), les préjugés des catholiques en matière de lectures féminines. Son exposition est un curieux amalgame de principes religieux et d'explications pseudo-scientifiques.

Pour cet ecclésiastique, il ne fait aucun doute que la femme est intellectuellement et biologiquement inférieure à l'homme et qu'elle a, par conséquent, droit à une vigilance toute particulière. L'érosion du contrôle des consciences traditionnellement assuré par le prêtre et le confessionnal inquiète beaucoup l'Église qui multiplie en direction du public féminin dévotionnaires, lectures pieuses et catéchismes. Il semble fort difficile d'endiguer le flot d'imprimés, et surtout de romans, qui font les délices des femmes, toutes catégories sociales confondues.

Antolín López Peláez, en se faisant l'écho de toutes ces craintes, dresse un tableau apocalyptique des conséquences néfastes des «mauvaises lectures» sur la femme mais aussi sur la société toute entière. Entièrement absorbées par la lecture de romans qui dépeignent passions et aventures, les femmes délaissent les tâches domestiques et maternelles et finissent par sombrer dans un état de véritable hypnose: «c'est surtout auprès des femmes que le roman exerce un attrait et une fascination presque irrésistibles, un pouvoir hypnotique; il attaque et corrompt leur imagination» (López Peláez, 1905, p. 145). Désordres sociaux, crimes effroyables comme ceux que décrivent López Peláez, tentations d'adultère et dégoût de la famille sont les conséquences les plus courantes de la lecture de certains romans.

Cette «quichotisation» provoquée par la littérature romanesque est bien sûr aggravée chez les femmes dont «l'organisme est beaucoup plus faible» que celui du sexe masculin. Une multiplicité d'ouvrages pseudo-scientifiques publiés au cours du XIXe siècle constituent une source d'inspiration pour les doctrinaires chrétiens. Malgré leur méfiance a l'égard des sciences modernes et des théories positivistes, ils y puiseront de nouveaux arguments pour incriminer la faiblesse de la nature féminine. L'idée, bien établie au XIXe siècle, que la femme est une éternelle malade alimente un certain fatalisme: les filles et les femmes sont «menacées par la maladie et les malheurs physiologiques dès leur naissance» nous dit María del Pilar Sinués, écrivain catholique très lue au XIXe siècle, et l'extrême fragilité de leur nature les expose souvent à une mort prématurée. Bien évidemment ces préjugés permettent d'ignorer les facteurs sociaux à l'origine de cette situation d'infériorité. La surmortalité des filles dès le plus jeune âge, la misère physiologique des femmes provoquée par l'urbanisation et le travail, les lacunes criantes de l'éducation féminine en général sont largement passées sous silence. Toutes les faiblesses et maladies honteuses de la féminité sont évoquées par Antolín López Peláez afin de justifier la condamnation du genre romanesque. L'excessive impressionnabilité, la sensibilité exacerbée et l'imagination développée prédisposent la femme à l'aliénation mentale. Une de ces manifestations, provoquée par la lecture de certains romans, est l'hystérie considérée au XIXe siècle comme la maladie par excellence du sexe faible. Dans les descriptions que nous propose cet ecclésiastique des «convulsions, accès de fureur et crises nerveuses», nous retrouvons toute l'argumentation développée dans des ouvrages médicaux de l'époque comme ceux des docteurs Federico Rubio y Gali, Descuret, Tissot et d'autres encore comme le phrénologue Franz Joseph Gall.

Parmi la copieuse production d'ouvrages traitant des facultés intellectuelles et affectives des femmes et dont le dessein moralisateur est clairement affiché, citons certains qui furent une référence pour de nombreux auteurs espagnols et furent traduits dans les années 1870: ce sont ceux de Pierre Roussel, Système physique et moral de la femme (1775), nouvelle édition publiée par le Docteur Cerise avec une esquisse du rôle des émotions dans la vie des femmes, de Laurent Cerise, Des fonctions et des maladies nerveuses dans leurs rapports avec l'éducation sociale et privée, morale et physique (1842), de Claude Tissot, Les passions. Influence du moral sur le physique (1865), de Pierre Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme (1802), sans oublier l'ouvrage de J. B. F. Descuret, La médecine des passions (1840).

Constatons encore une fois le talent de récupération de l'Église qui malgré tous les anathèmes lancés contre le positivisme et autres progrès du siècle, s'approprie un discours et des concepts issus de la science moderne. Certains de ces travaux comme ceux de Rafael Salillas ou de Federico Rubio y Gali proposent des explications médicales pour justifier la constitution nerveuse déficiente de la femme. Mais la plupart ne nourrissent leur démonstration que de préjugés traditionnels qui mêlent la dimension morale aux aspects plus spécifiquement physiologiques. Il en résulte une vision totalement infantilisante du sexe féminin auquel les chemins de l'esprit demeurent hermétiquement fermés.

Cette fausse science qui fait l'impasse sur les véritables misères de la féminité au XIXe siècle (occultation du corps et répression sexuelle, sédentarisme et inculture) revendique une hygiène du corps et de l'esprit. Antolín López Peláez reprend à son compte les explications qui sont développées par des traités comme La médecine des passions (1840) de Descuret, le Tratado teórico-práctico de medicina legal y toxicología (1903) de Pedro Mata ou encore La santé des gens de lettre de Tissot (1845). Tous ces ouvrages qui ont la prétention de démontrer l'infériorité biologique de la femme s'inspirent d'autres ouvrages très connus de l'époque publiés en France et cités ci-dessus. L'ouvrage du docteur Cerise, Des fonctions et des maladies nerveuses dans leurs rapports avec l'éducation sociale et privée, morale et physique (1842), ouvrage couronné par l'Académie Royale de Médecine est une référence pour les ecclésiastiques chargés de l'éducation dans les séminaires. Il constitue un exemple significatif de la confusion qui est couramment faite dans ce genre de littérature entre la morale et la pathologie. Pour le docteur Cerise, les maladies qui affectent les femmes sont un effet consécutif de la surexcitation nerveuse. Le système nerveux doit donc être pris en compte dans l'étude des rapports du physique et du moral et dans l'édification d'un système complet d'éducation. Bien sûr parmi les facteurs susceptibles de renforcer l'impressionnabilité et la sensibilité des femmes se trouve la lecture de romans. Pour Antolín López Peláez il ne fait aucun doute que la lecture excessive d'œuvres romanesques en sollicitant l'imagination provoque l'usure des cellules nerveuses du cerveau et que l'excès d'activité mentale peut entraîner des états de faiblesse physique allant jusqu'à l'évanouissement (López Peláez, 1905, p. 151).

Un fait nouveau et symptomatique dans cette deuxième moitié du XIXe siècle est l'abondante production de manuels «médico-sociaux» et «d'hygiène morale» destinés aux femmes. Ils sont élaborés par des médecins dont l'orthodoxie est clairement annoncée sur la couverture ou dans le prologue. Des ouvrages comme celui du docteur José Panadés y Poblet, La educación de la mujer (1881), est rédigé -affirme son auteur- en accord avec «les plus illustres hygiénistes et moralistes des deux sexes». Destiné à toutes les catégories sociales, ce manuel éducatif souligne le danger de l'imagination, des passions et de la sensibilité particulièrement développées chez le «sexe faible». Il s'agit d'un véritable parcours moral, pour tous les âges, dans lequel les considérations sur l'éducation religieuse et spirituelle l'emportent sur les principes de formation intellectuelle.

Plus intéressant encore est l'ouvrage Bosquejos médico-sociales para la mujer (1885) de Ángel Pulido Fernández presque entièrement consacré aux effets nocifs des mauvaises lectures sur les femmes. Cet ancien médecin, membre de plusieurs associations et académies scientifiques, met ses lectrices en garde contre toutes les tentations susceptibles de dévoyer la véritable mission de la femme qui doit se contenter d'être «l'ange gardien du foyer, la prêtresse chargée de veiller sur le sanctuaire de la famille» (Pulido, 1885, p. 8).

Encore une fois, les arguments médicaux invoqués ne reposent sur aucune base scientifique réelle et se réduisent à des affirmations concernant la fragilité de la femme, sa propension à la mélancolie et à l'hystérie. Il convient donc d'éviter tout ce qui peut provoquer une excitation cérébrale excessive. Les efforts dus à la concentration mentale sont responsables de «perturbations organiques graves» et entraînent certaines maladies. Cela est le cas avec la lecture de romans, comme les romans de mœurs et d'amour, qui suscite troubles physiques et folie:

Voici le tableau affligeant de tous les maux qui, lorsqu'ils se manifestent fréquemment, corrompent les complexions les plus robustes, les appauvrissant d'abord avant de les assujettir aux tourments d'états nerveux parmi lesquels, bien des fois, il convient d'inclure la folie; ces maux peuvent provoquer la mort après avoir suscité des maladies du cœur et des poumons.


(Ibid., p. 64)                


Ángel Pulido fait complètement l'impasse sur les causes réelles des maladies féminines. En fait les filles et les femmes étaient victimes des conditions de vie qui leur étaient imposées mais peu de médecins semblaient vouloir tenir compte des facteurs sociaux. Bien qu'il reconnaisse le confinement des femmes dans un même espace et les conditions accablantes de vie de celles qui appartiennent à un milieu très modeste, l'auteur de ces Bosquejos médico-sociales estime que le taux élevé de maladies et de mortalité est dû à des affections inhérentes à «la nature féminine».

Les misères physiologiques du «sexe faible» ne sont d'ailleurs évoquées qu'avec réticence et les préceptes d'hygiène proposés ne concernent que l'hygiène mentale. Le corps n'apparaît que de façon floue, et entre corps et cœurs la relation reste mystérieuse. Pour cette raison tout ce qui peut susciter l'éveil des sens est banni. Ángel Pulido, comme Antolín López Peláez, met en garde ses lectrices contre les ravages causés par les «scènes ardentes, les passions volcaniques, les effets dramatiques»:

Provoquer des sentiments, émouvoir de façon excessive, troubler profondément l'esprit du lecteur, le torturer [...] avec des émotions diverses, voilà ce que prétendent les auteurs habituels et sans scrupule et voilà ce que nous voulons combattre à cause des effets pernicieux que cela engendre pour l'esprit et l'organisme en général.


(Ibid., p. 53)                


Émotions, sensibilité, impulsions ne sont tolérées que si elles sont la source de «vertus» indispensables au bon fonctionnement de la société. On peut se demander, dans ces conditions, quelles rêveries, quelles aspirations étaient permises aux femmes qui avaient trouvé dans la lecture le seul espace où elles pouvaient s'affranchir des contraintes du quotidien.

Malgré les interdits prononcés contre le roman, l'Église finira par tolérer les «bonnes lectures», celles qui proposent «connaissances raisonnables et doctrines utiles» (ibid., p. 65). Le roman est un phénomène social dont l'importance ne peut être sous-estimée. De plus, il constitue un «moyen d'illustration agréable», efficace «[...] surtout pour les femmes qui n'aiment pas le style aride et théorique des ouvrages scientifiques» (ibid., p. 71).




Les effets pervers de la lecture

Le regard inquiet de l'Église qui repère tous les lieux de perdition possibles pour la femme s'est appesanti sur le roman. Danger maximal pour le commun des croyants, le roman apparaît comme particulièrement pervers pour la nature «faible, nerveusement fragile et sensible» des femmes.

Apologistes et écrivains catholiques ne cesseront de mettre les femmes en garde contre la lecture d'œuvres romanesques qui entraîne des désordres graves d'ordre nerveux et moral. Les romans sont un véritable «cancer qui ronge l'esprit et l'âme». Les métaphores utilisées par certains écrivains pour évoquer les ravages des romans sur le sexe féminin mettent en évidence sa vulnérabilité particulière:

Connais-tu, ma fille, les horribles effets d'un cancer? Ce n'est au début qu'une tache insignifiante sur la peau mais qui va s'étendre progressivement. Une tumeur violacée parsemée de zones noires abrite le foyer purulent et, en peu de temps, le mal devient irrémédiable. Le cancer ronge en permanence les chairs qui se défont en lambeaux, détruisant les muscles, les fibres et même les os pendant que cette maladie atroce et mortelle défigure le malheureux malade. [...] C'est à cela que ressemblent les effets funestes des mauvaises lectures sur l'âme d'une jeune fille candide et innocente.


(Anonyme, 1874, p. 89)                


«Le venin» des mauvais romans est dénoncé en des termes physiologiques, pour ne pas dire naturalistes: il est en effet curieux de constater l'opportunisme des moralistes et doctrinaires qui se servent volontiers des arguments pseudo-scientifiques des dernières décennies du siècle pour prouver l'infériorité physique du sexe féminin. Cette contamination du discours religieux par les sciences n'épargne pas les écrivains catholiques femmes qui souscrivent aux jugements dévalorisants portés sur la nature féminine. L'infériorité physiologique est soulignée par des écrivains comme María del Pilar Sinués qui évoque les déficiences de l'organisme des petites filles dès leur naissance:

Le destin de toute femme est, en réalité, très infortuné et la tristesse qui entoure sa naissance est fondée et même excusable; fragile et inoffensive pendant l'enfance, elle est menacée de maladies innombrables et la fragilité de son organisme est supérieure à celle de tout autre être humain.


(Sinués, 1877, p. 23)                


Cette malédiction physiologique et intellectuelle qui pèse sur la femme dès les premières heures de son existence est bien évidemment le prix à payer pour le péché originel. Comme le rappelle Joaquín Roca y Cornet, auteur d'un opuscule sur les dangers de la lecture, ce péché a consisté à vouloir en savoir plus qu'il ne faut et à inculquer l'exigence d'un savoir réservé à Dieu. Cette double faute ne peut être rachetée que par «la vertu».

Car tout le problème est là: l'accès individuel au savoir sans médiation ecclésiale. En évitant les relais imposés par l'autorité religieuse, l'imprimé, et surtout le roman ont provoqué de profonds bouleversements dans un ordre anciennement établi destiné à contrôler les consciences et les esprits.

Pour la culture catholique du XIXe siècle, le problème sera en partie résolu par l'attribution d'un domaine réservé aux femmes: celui du sentiment et de l'affectivité. Afin de canaliser les effets dangereux d'une sensibilité affective particulièrement développée, la femme pourra se réfugier dans la religion. Quelques rares voix, comme celle de Concepción Arenal, s'élèveront pour dénoncer la confusion dangereuse et volontaire entre l'intelligence féminine et la morale.

Avec une grande lucidité, Concepción Arenal analyse la situation d'avilissement intellectuel dans laquelle la femme se trouve au XIXe siècle et elle en dénonce les conséquences négatives pour la société toute entière: «[...] la femme de la société civilisée et chrétienne, moralement réhabilitée avec une longue période d'assujettissement, est aimée, peut aimer, aime; ses facultés affectives ont été reconnues au détriment de ses facultés intellectuelles et son cœur n'est pas enfoui sous une chape de plomb comme son intelligence [...]. Telle est la situation de la femme: tous les chemins du sentiment lui sont permis, ceux de l'intelligence lui sont refusés» (Arenal, 1895, p. 65).

La lecture de romans est dangereuse à plus d'un titre. Dès les années 1860, nombreux sont les auteurs qui dénoncent un des dangers de la lecture féminine: la diffusion d'idées et de valeurs contraires à la doctrine chrétienne. Bien sûr ce qui préoccupe au premier chef l'Église c'est l'émancipation féminine. Cette menace pour l'autorité religieuse est autant morale qu'institutionnelle. C'est la liberté des sentiments et l'expression des passions qui font frémir le monde bien-pensant et pousse le clergé à mettre à l'index ce qu'il est convenu d'appeler «las novelas amatorias». Ce débridement du cœur et du corps s'accompagne d'un bouleversement des institutions les plus sacrées comme le mariage. Pour la morale chrétienne fondée sur la mortification des sentiments, la répression et l'occultation sexuelle, les femmes sont aussi assujetties affectivement qu'intellectuellement. Rien d'étonnant dans ces conditions que le roman édifiant destiné au public féminin ne soit que le prolongement du magistère religieux. Prisonnières de cette morale pénitentiaire et probablement convaincues de son bien-fondé, des écrivains femmes comme Ángela Grassi, auteur de plusieurs romans, vont jusqu'à affirmer que «le plaisir physique exclut le plaisir moral» (Grassi, 1874, p. 11)

À aucun moment il n'est suggéré que ce sont les lacunes de l'éducation et les graves manques de la formation intellectuelle des femmes qui sont responsables des effets «pervers» de certaines lectures.

Les causes du mal sont la sensibilité excessive et l'imagination sans frein stimulées par la représentation d'un monde idéal ou de réalités trop brutales. L'excès de lectures romanesques peut provoquer une espèce de «suicide spirituel» nous dit Antonio de Valbuena; les jeunes filles et les femmes qui s'adonnent à la lecture d'œuvres sentimentales finissent par devenir insupportables, exigentes et éprouver une profonde répugnance pour la famille et les tâches domestiques (Valbuena, 3 novembre 1878, p. 35).

Dans El copo de nieve de Ángela Grassi, écrivain fort lu par le public féminin du XIXe siècle, tous les malheurs de Clotilde, l'héroïne principale, sont provoqués par la fréquentation excessive de romans. À force de s'identifier aux personnages féminins de Georges Sand, Clotilde finit par trouver son existence paisible entre ses deux enfants et auprès d'un mari aimant absolument ennuyeuse.

Les excès de l'imagination dont est victime Clotilde sont la cause de tous ses malheurs. Après de longues souffrances et une expiation non moins douloureuse, elle retrouve la paix de l'âme et du cœur en vaquant de nouveau à ses occupations domestiques. Ces tâches sont l'antidote extérieur aux rêveries intérieures de l'imaginaire. Pour fortifier la raison féminine et brider l'imagination, des lectures austères sont recommandées: ce sont les ouvrages de Luis Vives, Instrucción de la mujer cristiana, de Fray Luis de Granada et de Saint François de Sales qu'Irène, l'héroïne de La mujer fuerte de Gabino Tejado, propose aux femmes catholiques.

Des écrivains comme Fernán Caballero, auteur de nombreux romans édifiants destinés aux femmes, n'hésiteront pas à affirmer que l'ignorance de toutes les réalités de l'existence est préférable à la lecture de «mauvais romans». En matière d'éducation féminine, cette femme écrivain défend un point de vue extrêmement conservateur et rigide. Toutes les occasions sont bonnes, qu'il s'agisse de prologues à des œuvres d'autres écrivains ou de ses propres romans, pour mettre les mères de famille en garde contre la littérature récréative.




Devoir moral de pureté et occultation du corps

Sainteté, pureté, piété intense sont les composantes essentielles de l'image féminine valorisée par la culture catholique du XIXe siècle. L'abondante production romanesque de l'époque contribue à diffuser le modèle fort de la femme chrétienne gardienne des valeurs spirituelles et soutien indispensable de la famille. Sentimentalisme religieux et sentimentalisme familial imprègnent les romans pour familles catholiques.

Nombreux sont les romans qui s'occupent des femmes. À une époque où les fondements de la famille semblent être remis en cause par des mesures libérales concernant le mariage, par l'arrivée d'une main-d'œuvre féminine sur le marché du travail industriel, le discours romanesque n'est souvent que le prolongement du discours religieux.

Au XIXe siècle, la valeur accordée à la pureté, à la virginité est soumise à de multiples tentations: celles d'une morale sociale qui n'est plus spécifiquement religieuse. Les dérives du comportement sont facilitées par la sociabilité mixte, la proximité physique particulièrement dangereuse pour les travailleuses de la ville. Pour éviter toute décomposition, toute contamination des corps et des cœurs, le roman catholique édifiant doit être producteur de modèles forts pour soutenir les valeurs morales. La «pédagogie normative de l'honneur» s'adresse bien sûr aux femmes et filles des classes aisées, nobles ou bourgeoises, et aussi aux milieux sociaux qui n'étaient pas concernés jusqu'alors (Di Giorgio, p. 189).

L'occultation du corps et le silence qui entoure toute manifestation de la physiologie et de la sexualité sont une autre marque du genre romanesque édifiant. Le seul épanouissement physique toléré est celui de la maternité. Dans nombre de romans de l'époque, le mariage de raison plus que d'amour est décrit comme l'aboutissement inévitable de celles qui ne se consacrent pas à Dieu. À défaut de passion, la femme se contente de tendresse, d'amitié et de respect; et quand l'amour de l'époux est absent, il ne reste plus aux femmes délaissées qu'à regagner les cœurs à force de dévouement, de douceur et d'humilité.

C'est sur la notion de pureté que s'élabore le modèle féminin de perfection virginale. Une vigilance morale draconienne s'exerce à l'égard des femmes, allant jusqu'à mesurer la pureté en fonction d'un certain nombre de critères. Car il ne suffit pas d'être pure, encore faut-il que dans son apparence et son comportement la jeune fille, la femme révèlent le degré de perfection atteint. L'abondante production romanesque du XIXe siècle qui s'intéresse aux femmes et s'adresse à elles reflète un code de comportement physique et moral qui va progressivement s'étendre à toutes les couches de la société.

Le devoir moral de pureté et les prescriptions religieuses qu'il implique concernent toutes les classes sociales. À la fin du siècle, la présence de la main-d'œuvre féminine sur le marché du travail industriel suscite une littérature romanesque destinée à un public plus populaire: celui des femmes au travail dans les villes, employées, servantes ou ouvrières. Un des modèles du genre de cette littérature aseptique destinée aux jeunes filles et femmes ouvrières est Graciela, la doncellita jornalera, roman anonyme publié en 1896.

Comment rester pures et chastes dans les ateliers où tant de périls menacent la vertu la plus aguerrie? Bien sûr le premier rempart est celui de la religion: mais pas seulement le sentiment religieux intime et profond. Il faut que le comportement soit le signe le plus visible de cette foi: la jeune ouvrière Gracieta a la foi et la prière pour se protéger. Le matin et le soir on la voit à genoux, le dimanche on la voit aux pieds de l'autel; sa parole est réservée, ses yeux sont baissés, son front demeure modeste.

La mortification physique (se lever aux aurores, ne pas s'accorder de repos dans la journée, rester à genoux le plus longtemps possible) est un complément indispensable de l'humilité. Cette humilité se traduit d'ailleurs, dans ces romans, par une véritable «esthétique de la dévotion» très liée aux règles de la différenciation sexuelle: sourire angélique qui reflète la douceur et la résignation, modestie extrême dans l'habillement et refus de toute frivolité.

La pureté et la chasteté de la jeune fille sont exprimées par une profusion de métaphores qui reflètent toutes l'enfermement des femmes dans leur propre corps et l'occultation de tout trait physique pouvant suggérer sensualisme et séduction: la pureté de Gracieta est «le lys de la virginité, la vertu angélique, un précieux joyau dans un écrin fermé, le lys blanc de la sainte pureté, un fruit tendre et blanc protégé par une épaisse écorce».

Gracieta s'identifie totalement à la Vierge Marie et afin de se montrer digne de son amour, elle prononce des vœux de virginité et rentre, comme de nombreuses jeunes croyantes de son époque, dans l'association religieuse des «hijas del Carmen». Ce modèle féminin de perfection virginale n'est pas sans rappeler l'itinéraire des saintes dont les mortifications et les tribulations constituent un des aliments spirituels les plus fréquemment proposés.

Le véritable fléau qui guette les femmes de la classe ouvrière, plus exposées que les autres parce qu'elles échappent par leur travail à l'espace domestique, est la tentation d'une morale sociale qui n'est plus spécifiquement religieuse. La sociabilité dans les lieux publics, l'habillement, l'atténuation des barrières entre les sexes sont autant de dangers qui menacent la pureté féminine.

Dans Gracieta, ateliers de travail, salles de bals, sont décrits comme des endroits où règnent «la corruption et les mauvaises passions». Car, si l'industrie améliore la vie matérielle, elle «menace profondément la vie morale», nous dit l'auteur de ce roman, et l'indépendance du travail ne convient pas aux jeunes filles et aux femmes. Gracieta doit résister héroïquement à l'atmosphère dégradante de l'atelier où elle travaille: «conversations impies, disputes scandaleuses, chansons obscènes, blasphèmes», et sollicitations amoureuses du contremaître Julio sont un véritable calvaire pour l'héroïne qui réussit à rester pure.

Son amour «à la sainte pureté» et sa foi la protègent, presque miraculeusement apprend-on, des méfaits des diversions auxquelles s'adonnent les classes populaires. Un tableau terrifiant est présenté aux lectrices des bals et fêtes de carnaval dans lesquels la classe ouvrière perd son argent et son honneur. Hermance, la compagne d'usine de Gracieta, qui dépense ses économies les jours de fête pour se divertir, finit par mourir misérable et tuberculeuse dans un hôpital. Gracieta avait toujours éprouvé «une profonde répugnance» pour les bals: «Rentrer dans une salle de bal était pour Gracieta comme pénétrer dans l'enfer» (1896, p. 85).

Ces références dramatiques aux «antres du péché et de la corruption» sont l'occasion pour l'auteur de Gracieta d'administrer aux lectrices une longue liste de prescriptions morales et de règles d'hygiène. Pour les croyantes comme Gracieta qui veulent éviter le péché, les remèdes sont variés et contraignants. Comme le rappelle le Père Claret dont un des ouvrages incontournables, Avisos saludables a las doncellas (1879) est cité dans le roman, vertu et apparence sont indissociables: il ne faut ni regarder, ni être vue, et fuir toutes les occasions de s'exposer en public. Bien sûr cela exclut bals et théâtres, et suppose une «hygiène mentale» à toute épreuve dans les lieux de travail. Car la pureté du corps dépend de celle de l'âme et de l'esprit: occuper son esprit à des réflexions pieuses et fortifier son âme par de multiples dévotions permettent d'éviter «rêverie, passion, désir et luxure». Qu'elles soient célibataires ou mariées, l'Église exige beaucoup des femmes. Pieuses ouvrières, pieuses domestiques ou femmes du monde chrétiennes sont exhortées à pratiquer toutes les vertus et notamment la pureté à laquelle sont invités le cœur et le corps.

Autre roman qui illustre le modèle idéal féminin libéré du lien de dépendance entre «structure physiologique et substance psychologique» est celui de Fernán Caballero, Clemencia qui pourrait s'intituler Clemencia ou l'anti-passion. Publié en 1852, ce roman est une étape de plus dans l'élaboration persévérante d'un type féminin idéal. De même que dans Lágrimas (1853) et Elia (1857), le personnage principal incarne la pureté angélique de la femme chrétienne, seul exemple légitime pour le public de lectrices auquel s'adressait cet écrivain.

Clemencia, jeune fille modeste, élevée dans un couvent depuis la mort de son père et recueillie ensuite par sa tante, la marquise de Cortegana qui appartient à la noblesse de Séville, est l'héroïne antiromantique par excellence. Docile et innocente, elle ignore les passions dangereuses, et préfère les travaux de couture à la lecture des feuilletons du moment qui embrase l'imagination de ses deux cousines, Constancia et Alegría.

Le désir de Cecilia Böhl de Faber de peindre «la vérité dans ce qu'elle avait de plus simple et de plus authentique» était en grande partie motivé par son refus de toute forme d'exaltation de la passion. Dans le système de valeurs sociales et morales extrêmement conservateur et rigide que décrit l'auteur de Clemencia, la condition de la femme est assujettie aux lois du pouvoir masculin. La soumission de Clemencia aux pesanteurs religieuses et à la hiérarchie sociale imposée par la noblesse de Séville acquiert la dimension d'un véritable sacrifice au moment de son mariage avec l'irréligieux et frivole Fernando de Guevara. Fernán Caballero décrit le «chemin de croix» de la jeune mariée, qui, comme toute bonne chrétienne, doit éprouver respect et tendresse pour son mari même lorsque ce dernier méprise ses obligations conjugales. Imprégnée des lectures de saint Augustin qui prescrivait l'exemple de sainte Monique, laquelle «obéissait à son mari comme un serviteur à son maître», Clemencia donne l'exemple de l'abnégation la plus totale: «Quelle réserve inépuisable d'amour représente le cœur d'une femme!» (Caballero, 1852, p. 72).

Selon un procédé fréquent chez Fernán Caballero, la vertu des femmes chrétiennes comme Lágrimas, Clemencia ou Elia est rehaussée par le contraste avec la corruption morale et même physique d'autres personnages féminins. Véritables repoussoirs dont le rôle romanesque se limite à accentuer l'éclairage moralisateur du récit, ces personnages sont à l'image des «aventurières effrénées» qui selon Fernán Caballero peuplent la littérature française exagérément romantique et surtout les romans de «l'exécrable» Georges Sand. La transgression des lois morales dont ces femmes se rendent coupables est inéluctablement châtiée. Dans la logique propre au roman édifiant, l'exemplarité est à la fois présente dans le discours et dans les situations. Dans Clemencia, la coquette et frivole Alegría, corrompue par une éducation mondaine et trop libre, délaisse ses devoirs de mère et finit par tromper son mari. Responsables de leur propre malheur, ces «séductrices» provoquent «la faiblesse des hommes et le malheur des familles». Fernán Caballero fustige en termes violents ce qu'elles ne désignent qu'avec des expressions feutrées, à savoir la sensualité et le désir amoureux. Ils sont évidemment bien plus condamnables chez la femme et ne permettent jamais une union durable et heureuse. Alegría, abandonnée de sa famille et de ses amis, se résigne à aller dans un couvent, lieu symboliquement féminin où se réfugient celles qui ont peur du monde et celles qui sont trompées par lui.

À l'instar de l'héroïne de La Gaviota, María Santaló, cantatrice talentueuse punie pour avoir succombé à ses pulsions amoureuses et sexuelles, Alegría est écartée de la société dont elle a bafoué le code et les lois. Fernán Caballero souligne les effets «pervers» de toute passion humaine. L'effet d'une passion excessive est semblable à celui d'une maladie qui ronge à la foi l'âme et le corps.

Dans cette œuvre qui s'apparente plus à une fable didactique sur la condition de la femme qu'à un roman, l'idéal féminin est incarné par Clemencia. Dès les premières pages, comme dans Elia et Lágrimas, le personnage féminin central apparaît avec tous les attributs de la pureté virginale. Véritable double de l'auteur, Clemencia condamne dans un discours qui a toutes les caractéristiques d'un sermon la «vulgarité des passions amoureuses et l'immoralité des attirances physiques».

Après un long combat qui oppose son cœur à sa raison, Clemencia finit par épouser son cousin Paco de Guevara, homme simple, attaché au terroir de Villa-Maria et doté de toutes les vertus chrétiennes.

Les différentes étapes de cette conquête morale de soi et de la trajectoire spirituelle que Clemencia s'impose sont symboliquement ponctuées par ses retours au paysage idyllique et protecteur de Villa-Maria. Véritable espace «utérin» où se produit le retour aux valeurs essentielles, Villa-Maria est l'antithèse de la grande ville corruptrice, creuset de la société moderne et libérale. Le roman se termine donc sur la victoire exemplaire de la raison sur le cœur.

Dans la culture catholique du XIXe siècle prédomine l'élaboration d'un modèle féminin capable d'utiliser ses ressources affectives comme un correctif moral sur les hommes. L'infériorité physique et intellectuelle des femmes est compensée par d'immenses réserves sentimentales et spirituelles qui lui permettent d'inculquer, de fortifier les vertus individuelles et sociales au sein du noyau familial et dans la société. Car si l'homme a l'intelligence, la femme a le sentiment. L'idée d'une dissociation entre cœur et esprit instaurant des capacités et des comportements différents a marqué tout le siècle. Dévouement, altruisme, don de soi, sont conçus comme des caractéristiques de la «psychologie» de la femme.








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